L’origine du thé : goûter la vie

Un proverbe taoïste dit que « goûter le thé c’est comme goûter la vie ». C’est ce que Lijun nous propose dans sa nouvelle boutique rue de Ratisbonne. Bien connue des étudiants de l’Université Catholique de Lille après avoir longtemps été restauratrice à proximité des facultés, Lijun a décidé cet été d’ouvrir son propre magasin « L’origine du thé » pour faire découvrir cette culture aux Lillois. Une passion qu’elle a accepté de nous raconter à une table de dégustation de son magasin.

Lijun nous attend accolée à la large armoire dans laquelle elle range toutes sortes de thés, un franc sourire aux lèvres. Le soleil, que laisse entrer la grande vitrine de la devanture rue de Ratisbonne, illumine sa boutique. Avant tout, elle nous propose de boire une tasse de ses fameuses décoctions, un préambule nécessaire pour elle. Sans en prendre pour elle-même, comme un cadeau à notre seule intention. Après nous avoir servi, elle s’assied droite, mains à plat sur les genoux, et restera immobile. La courtoisie chinoise voulant que l’on s’exprime lentement et sans gestes.

Le thé peut être amer, doux ou même sucré, un peu comme la vie

Si cette idée d’ouvrir sa boutique trotte dans sa tête depuis 10 ans, c’est il y a 4 ans qu’elle a commencé à la mettre en forme.« Je voulais réunir toutes les bonnes conditions. Je suis allé plusieurs mois en Chine, pour rencontrer les vendeurs, les producteurs et visiter les jardins de thé. » Tout cela pour proposer un vaste choix de breuvages à ses clients. C’est en souriant que cette véritable dame chinoise aux yeux rêveurs le dit :

« Le thé peut être amer, doux ou même sucré, un peu comme la vie. »

Ce choix, Lijun le fait au quotidien, selon son humeur et le moment de la journée. Un peu anxieuse à l’idée de nous rencontrer, elle a opté pour un thé rouge mielleux et sucré pour se réconforter le matin. Mais ce n’est pas son préféré. Il y a une saveur particulièrement spéciale pour Lijun : celle de son enfance. « C’est le Long Jing, un thé vert venu de ma région d’origine du Zhejiang. C’est un goût qui ne me quitte pas. »

On apprend beaucoup de choses drôles avec le thé

Cette ambroisie, pour Lijun, c’est sa vie, mais aussi beaucoup d’anecdotes. « Un jour, je n’arrivais pas à identifier la variété que voulait retrouver une cliente. Après une longue recherche, j’ai finalement ouvert une boîte de thé aromatisé, alors que c’est un genre qui ne me plaisait pas. Pour moi, ce n’était pas vraiment du thé. A ma surprise c’est exactement celui-ci qu’elle cherchait. » Par curiosité, Lijun a fini par en goûter. Maintenant, elle se surprend à en boire occasionnellement. « On apprend beaucoup de choses drôles avec le thé. Cette histoire a changé ma façon de penser » confie-t-elle les yeux pétillants. « Je ne sais pas comment l’expliquer. J’aime partager, je sens que quand on prend un thé avec quelqu’un on échange énormément d’autres choses. Que cela va au-delà du thé. Quand on boit un thé on ne peut jamais se disputer, il y a une connexion qui se crée naturellement. »

Le thé ne doit pas être prétentieux

Cette connexion, Lijun la retrouve avec les Lillois. Arrivée dans le Nord il y a 30 ans, d’où elle n’est jamais repartie, Lijun est tombée amoureuse de la région. « C’est une terre vivante pleine de richesses, proche de la campagne comme celle où j’ai grandi, avec des habitants ouverts et sympathiques. » C’est ce qui lui avait déjà donné envie de faire découvrir cette culture aux autres. « Le thé ne doit pas être prétentieux. Ce n’est pas parce qu’un thé est rare ou cher que c’est le bon thé. Je veux le faire découvrir à ceux qui n’en boivent pas». Une maxime qu’elle exporte tout autour de la capitale des Flandres. Elle fait partie de plusieurs associations, et va servir ses produits pour faire découvrir le thé aux personnes âgées dans les villages de la région.
Un partage de culture qui se retrouve évidemment dans son enseigne. « En Chine, le thé c’est comme l’alcool en France, quand il y a un invité et pour les grandes occasions, on en a toujours. Même si on n’en boit pas souvent nous-même». Une boisson importante pour elle, et c’est peut-être pour cela qu’elle s‘implique autant pour aider ses clients :« Pour vendre du thé il faut avoir vu la vie. Je ne m’imaginerais pas en vendre à 20 ans. » Et comme pour la vie, il faut être bien accompagné. « Dans les grands magasins, les vendeurs n’ont pas toujours la patience ni le temps de conseiller leurs clients, de trouver le bon thé et de guider correctement les gens ».  Elle rit en parlant de sa petite fantaisie personnelle.

« J’aime deviner l’autre, trouver le thé qu’il veut, ce qu’il veut boire. Savoir ce qu’il recherche et comment il y réagit ». Un travail infini qui se renouvelle à chaque rencontre.

C’est une boisson sociale

Lijun reste un court moment pensive en nous regardant avant de lentement et doucement continuer, comme s’il s’agissait d’un précepte solennel.

« Boire du thé est un moment de partage et de méditation, c’est une boisson sociale pour apprécier le moment présent. »

Et on peut le voir, son commerce est devenu un lieu de rendez-vous du quartier. Les voisins d’aujourd’hui et d’hier s’y retrouvent pour discuter autour d’une tasse que Lijun prépare spécialement à la demande. Le dimanche, elle organise des séances de dégustation où tout le monde est accueilli à la même table, à condition de réserver. C’est l’occasion de découvrir différentes sortes de thé accompagnées d’un véritable repas chinois que Lijun prépare elle-même.

Rendez-vous donc à L’Origine du Thé 8 rue Ratisbonne 
pour découvrir le thé grâce aux conseils de Lijun.
Vous pourrez peut-être créer cette fameuse connexion et 
vous ouvrir à un nouveau monde de goûts et de senteurs.