Depuis le 17 septembre, à l’espace Le Carré, l’association Traffic expose son nouveau projet Graphomanies sur les écritures urbaines obsessionnelles. Cette exposition documentaire rassemble différentes histoires de vie contemporaines qui ont toutes un point commun : l’obsession de l’écriture dans l’espace public.
Avec 10 ans d’existence dans le développement de projets artistiques et culturels en lien avec leurs territoires, l’association lilloise, Traffic a accepté la carte blanche tendue par la mairie de Lille pour donner de la visibilité au discours artistique et scientifique de l’écriture urbaine. Très souvent confondue avec le graffiti et le tag, l’écriture urbaine est une pratique omniprésente et banale dans notre paysage urbain. Chacun d’entre nous la perçoit de manière différente.
“Ça permet de faire rêver, de questionner – Et tout le monde y trouve un intérêt.”
L’exposition Graphomanies s’adresse librement à tous les curieux-ses qui souhaitent découvrir de nouveaux points de vue. Elle s’appuie sur un corpus de documents variés : vidéos, photographie argentique, fanzines, œuvres d’art, etc. Cette diversité de récits offre aux spectateurs des expériences de vie et un moment d’interrogation sur leur approche des graphies urbaines. Comme en témoigne Stéphane Bruneau, fondateur de Traffic et organisateur de l’exposition,“ça permet de faire rêver, de questionner. Tout le monde y trouve un intérêt. En fonction de la culture de chacun, il y a des connexions qui peuvent se créer”.
Cette sélection, commissionnée spécialement par Mathieu Tremblin et Jiem L’hostis, redonne vie, à travers des enquêtes sensibles, à des histoires d’aventures, de rencontres qui se déroulent dans les rues et les espaces souterrains des villes, en France, aux États-Unis, en Allemagne…
Le ton est donné : celui d’une posture artistique contemporaine avec une empreinte locale, accompagnée par une recherche objective sur la sauvegarde de la création spontanée de dessins et de textes éphémères collectés dans l’espace public. Le choix des commissaires pour cette thématique répond à “une recherche d’équilibre” affirme Stéphane.
L’assignation des créations à un auteur spécifique ne parait pas prioritaire dans certaines narrations. Mais dans d’autres récits, le rapport de l’écriture à leurs auteurs révèle une obsession compulsive commune, qui impressionne et crée de l’émotion. Comme l’histoire d’OZ, un graffeur allemand qui a passé plusieurs années de sa vie en prison à cause de ses graphes. Il a continué jusqu’à sa mort . Résultat : 120 000 de ses productions rythment les rues de Hambourg.
Cette exposition singulière, qui prend fin le 14 novembre, se déploie en différentes étapes. Le 9 octobre, les organisateurs proposent une discussion inclusive autour d’une table ronde avec des artistes plasticiens, graffeurs comme RAPP, GUESS, des chercheur.ses tel que Sally Bonn, mais aussi des invités présents au FLOW. Elle sera suivie par la performance artistique d’Aurelien D’harmignies, graffeur Lillois, à l’espace Carré. Elle consistera à énumérer chacun des tags qui jalonnait le Grand Boulevard à l’âge d’or du graffiti à Lille.
Il y aura de même, le 21 octobre la projection du documentaire Playboy Communiste au cinéma L’Univers, à 20H… et beaucoup plus encore, à consulter sur le programme.
-Matthieu Tremblin est un artiste, chercheur et enseignant, spécialisé dans les liens entre pratique artistique et usages créatifs de la ville à Strasbourg -Jiem l’hostis est un artiste local qui travaille depuis plusieurs années en duo avec Mary Limonade sous le nom de Wanderlust social club, en France et à l’étranger -Sally Bonn est docteur en esthétique à la Sorbonne, maître de conférences en esthétique à l’université Jules Verne de Picardie -Le Flow est le premier centre européen des cultures urbaines à Lille. - L’Espace Le Carré, Espace municipal d’art contemporain de la Ville de Lille accueille des expositions collectives d’artistes émergents, dans le domaine de l’art contemporain.