Alors que la France entière ne parle que du Covid-19, et que toutes les activités extérieures ont cessé, un irréductible colleur poursuit le combat. Sullivan (le prénom a été modifié), étudiant transgenre et membre actif du collectif, a accepté de nous parler de l’avancée du mouvement des collages féministes de Lille en période de crise sanitaire.
C’est sur les réseaux sociaux et notamment sur Instagram que se développent les pages @Collages_Feministes. Mais qu’est ce que c’est au juste ? Vous l’avez sans doute remarqué, depuis quelques mois, les rues de Lille sont remplies de messages collés sur les murs. Beaucoup de slogans, de phrases choc, de chiffres et de faits qui dénoncent les violences et attirent l’attention sur la cause féministe (mais pas que !).
Pas d’hommes cisgenres
Sullivan a 18 ans, il a déjà un beau parcours au sein du collectif et nous éclaire sur les mesures qui ont été prises en cette période de confinement : « J’ai la chance d’être en bonne santé, je m’occupe donc de préparer la colle et les affiches, de les peindre, et surtout de les coller dans la MEL ». Nous lui demandons s’il y a des critères a remplir pour entrer au sein du groupe C’est sans surprise que nous apprenons que toute personne, peu importe sa condition est la bienvenue dans le mouvement des collages féministes. C’est d’ailleurs ce qui lui plait, dit-il, en plus de la bienveillance et de l’absence de hiérarchie. Mais c’est un fait, le groupe est composé d’une majorité de femmes. « Dans notre collectif lillois, il n’y a pas d’hommes cisgenres, uniquement des hommes transgenres et des femmes ».
Depuis le début du confinement, je suis sorti trois fois.
Depuis le 13 mars 2020, le pays a été placé en confinement pour une durée indéterminée. « Pour le moment, on continue de préparer des affiches destinées à être utilisées après le confinement. On poste aussi certains collages éparpillés sur le sol de nos chambres via les réseaux sociaux ». Une manière de continuer à faire vivre le collectif, de soutenir même de loin toutes les personnes qui souffrent de discrimination et de violences. Le collectif lillois avait prévu de défiler sur la Grand Place le samedi 14 mars avec le collectif Nous Toutes, en soutien à toutes les femmes victimes de violences conjugales. Le coronavirus n’a fait que reporter l’évènement « On te croit », peut-on lire sur leur page Facebook. Mais l’activiste ne s’arrête pas là et va jusqu’à prendre des risques pour continuer de faire bouger la cause ! « Depuis le début du confinement, je suis sorti trois fois. J’ai collé seul pour ne mettre en péril la santé de personne » nous confie-t-il. Lorsque que nous lui demandons ce qui le pousse à continuer, ses arguments sont clairs : « C’est une cause qui me tient à cœur et je ne m’imagine pas regarder les gens se battre pour une égalité sans faire de mon mieux pour les aider ».
Si en temps normal, le militantisme des colleur.se.s n’est pas forcément apprécié des forces de l’ordre, bien sur, cela s’accentue en période de quarantaine. Pas de quoi décourager le jeune homme de faire bouger les choses en luttant contre la transphobie et le sexisme.
Pour celles et ceux qui voudraient rejoindre le collectif, rien de plus simple : Il suffit d’envoyer un message sur la page Instagram @Collages_Feministes_Lille. Le groupe est présent dans toutes les métropoles de France, il est possible de les contacter via Instagram ou Facebook en tapant Collages Féministes NomDeVille. Nous tenons à rappeler qu’il est tout de même vivement déconseillé de sortir de chez soi pour d’autres raisons que les premières nécessités. #RestezChezVous et prenez soin de vos proches.
Quelques mots de vocabulaire pour bien comprendre l’article : Cisgenre = Type d’identité de genre où le genre ressenti d'une personne correspond à son sexe biologique, assigné à la naissance. Transgenre = Type d’identité de genre différente du genre assigné à la naissance. Transphobie = Hostilités envers les personnes transgenre.
Quelques chiffres fournis par le collectif : 1 femme meurt sous les coups de son (ex-)conjoint toutes les 48h en France. 1/3 des femmes tuées par leurs (ex-)conjoint avaient déjà porté plainte au moins une fois. 3919 : Numéro d’assistance aux femmes en danger En France, chaque année, environ 220.000 femmes adultes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.