J’ai testé pour vous le Speed Dating

Souvenez vous, il y a quelques jours, on vous avait parlé d’un Speed Dating qui avait lieu, à Lille, le 7 mars… Rien que pour vous, Circonflex Mag a voulu jouer le jeu à fond et a testé ce concept de « rencontre minute » !

Place aux prétendants !

18 heures pétantes. Me voilà en face de l’Urban Soho Food, comme indiqué sur le SMS reçu, la veille, par l’organisateur. Rendez-vous au premier étage, à gauche. Deux demoiselles sont déjà installées. Elles doivent avoir entre 40 et 50 ans. Me serais-je trompée de jour ? Le stress monte. Posée devant elles, sur la table, une fiche. Elle fait un peu office de pense-bête, on peut y noter les numéros des divers prétendants, leur prénom et leurs caractéristiques. Les minutes passent, d’autres aventurières d’un soir investissent les lieux. Après les instructions et les explications de l’organisateur, le Speed Dating peut enfin commencer. Place aux prétendants !

« Trop timide ! »

À la queue leu leu, ils apparaissent les uns après les autres dans les escaliers. L’organisateur les place à chaque table. Le premier célibataire s’approche et s’assoit à la mienne. Frêle, de petite taille, une petite voix très aiguë. Et terriblement timide ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il s’est inscrit au Speed Dating. « C’est ma famille qui me l’a conseillé », m’explique-t-il. Afin de le mettre à l’aise, je prends l’avantage, j’enchaine les questions. À court d’interrogations, je panique, j’improvise : « Tu as des animaux ? ». Je vous l’accorde, dans le genre question pourrie, je gagne l’oscar. J’apprends que ses parents, en Alsace, ont un yorkshire prénommé Roméo. C’est clair, on s’en fiche éperdument. J’essaie de relancer. Peine perdue, Numéro 1 ne me retourne aucune question. « Le prochain sera mieux », me dis-je silencieusement.

Trop Karaoké

Avec mon deuxième date, ça accroche tout de suite. Il est avenant, dynamique et particulièrement drôle. D’entrée de jeu, son bagout me plaît. J’aime aussi la façon dont il est habillé : simple mais efficace. Petit bémol : il est venu juste pour accompagner une collègue, trop timide pour s’inscrire seule. On papote, on papote… Grand bémol : il passe la majeure partie du rendez-vous à me parler d’un maxi-karaoké qu’il organise avec ses amis, le 21 juin. « Parles-en à tes potes ! Fais de la pub autour de toi, ça va être délirant ! ». J’adore les karaokés, c’est indéniable. Mais ce n’est pas le genre de discussion que je suis venue chercher à un Speed Dating. « Mesdames, messieurs, il vous reste une minute ! », annonce ce rabat-joie d’organisateur à l’autre bout de la pièce. C’est fou comme la notion de temps est relative… Mais ici, le chronomètre, c’est le maître. Le grand brun se lève et se dirige vers une autre table. « Have fun » : c’est le slogan brodé derrière son pull. Drôle de coïncidence. Ça le représente plutôt bien. Mais sorry, mister karaoké, je n’ai pas envie d’have fun avec toi…

Trop calme

Du haut de son mètre 77 (oui, je lui ai demandé), Numéro 3 approche. Il me salue, s’assoit et engage la conversation. L’air surpris, il me demande la raison de ma présence. J’ai préparé ma réponse : « J’en ai marre des rencontres virtuelles. J’ai envie d’authenticité, de réalité ». Il sourit, il est d’accord avec moi, ça commence bien ! Apres …je ne sais plus quoi dire et lui non plus. « Donne-moi une de tes qualités et un de tes défauts ? », dis-je pour briser cet embrassant silence. Sa qualité : la curiosité. Trop sûr de lui, il essaye de me prouver tant bien que mal qu’il considère ce trait de caractère comme une qualité et non un vice. D’accord. À quoi bon insister ? Son défaut : la rancune. Aïe. Il n’aurait pas dû me le dire. Ce Lyonnais d’origine est étudiant et veut devenir professeur des écoles. Mais il rêve secrètement d’être écrivain. Nous avons donc passé les dernières minutes à discuter de ses manuscrits. Rectification : il a passé les dernières minutes à me parler de ses manuscrits. Intéressant mais calme. Très calme. Trop calme.

Trop poissons

L’avant dernier prétendant se dirige vers ma table. Numéro 4 est vêtu d’un long manteau noir, j’aperçois une calvitie naissante. Je fais semblant de n’avoir pas regardé. Je remarque qu’il n’a encore rien écrit sur sa fiche, seulement les prénoms des deux jeunes femmes qu’il vient de rencontrer. Je le lui fais savoir. Il rigole et s’empresse d’écrire « Bon feeling » devant mon prénom. Je trouve ça gonflé de sa part puisque nous venons à peine d’échanger dix mots, mais je le prends à la rigolade. Quant à moi, j’avais terriblement envie d’écrire « Pas à mon goût » devant son prénom. Pour apprendre à connaître quelqu’un, rien de mieux que de poser des questions originales. Sourire aux lèvres, je lui lance : « Quel est ton signe astrologique ? ». Il est poissons. Bien sûr, il fallait que je tombe sur un des signes les moins compatibles avec le mien. Décidément, avec lui, rien ne va. Pas de chance. Au suivant !

Trop mec bien

Nous voilà déjà au dernier prétendant : le meilleur pour la fin. Numéro 5 est souriant, honnête, curieux et boute-en-train. Il est le premier date à avoir les yeux bleus et je n’ai jamais caché mon petit faible pour cette couleur… Physiquement, tout va ou plutôt rien ne va pas. Dans ce cas, pourquoi est-il célibataire ? Pourquoi s’être inscrit à un Speed Dating ? « Mon travail me prend trop de temps et je ne suis pas assez souvent sur mon téléphone pour avoir Tinder », raconte-t-il. Il préfère rencontrer les filles « en vrai » parce qu’« au moins, il n’y a pas de surprise ! ». C’est un ch’ti, un vrai. Comment je le sais ? Son accent le trahit. Il est né ici et habite à Arras depuis toujours. « On me dit souvent que je suis un mec bien », s’exclame-t-il. Il baisse le regard et ajoute : « Mais pourtant je suis ici et toujours célibataire… ». Son attitude change soudainement. Il ne sourit plus. Il paraît nostalgique. L’ambiance n’est plus aussi joyeuse qu’au début du rendez-vous. Gênée, je souris et lui réponds : « Moi, on ne m’a jamais dit que j’étais une fille bien… ». Ouf ! Il rigole. RAS. Le climat est, de nouveau, au beau fixe. Et c’est sur cette note d’humour que le Speed Dating s’achève. « N’oubliez pas de bien noter le numéro de chaque prétendant ou prétendante ! » conclut l’organisateur.

Speed Dating VS appli Dating

Ces cinq dates, très différents les uns des autres avaient pourtant un point commun : leur préférence pour le contact réel, plutôt que pour les rencontres en ligne, jugées trop impersonnelles. Mon avis va certainement vous surprendre, mais il est mûrement réfléchi : pour ma part, je préfère les applications de dating, pour trois raisons :

L’accessibilité et le prix. La plupart de ces applis sont gratuites, même si certaines options sont payantes. Elles sont aussi accessibles à tous, les amoureux des villes comme les amoureux des champs. Les Speed Datings, eux, sont principalement organisés là où il y a du monde.

Le sentiment d’adrénaline, d’appréhension avant de rencontrer en vrai notre « match »pour la première fois. Tous ceux ou celles qui ont déjà expérimenté les rencontres en ligne le savent : nous ressentons à chaque fois la même chose, le coeur qui bat la chamade, le stress et la boule au ventre… Dis comme ça, ça a l’air désagréable mais je vous assure que cette part d’inconnu, c’est ce qui fait le wip, le crap, le bang, le vlop, le zip, le wizz… de la rencontre !

La possibilité d’échanger… et de filtrer avant le face-à-face ! Au Speed Dating, si votre date ne vous plaît pas, il serait très malpoli d’interrompre la discussion et de lui demander de changer de table. Sur les sites de rencontre, il est plus facile de couper court à la conversation. Point final, on ferme, et c’est tout.

Une expérience à vivre au moins une fois

Les Speed Datings peuvent être vraiment fun et surtout utiles pour ceux ou celles qui n’aiment pas les réseaux sociaux. C’est une expérience à vivre au moins une fois, et qui deviendra sûrement une anecdote croustillante à se raconter entre potes. Mais pour nous qui sommes jeunes, pas encore débordés par notre job, il est tout de même plus plaisant de rompre avec le célibat de manière plus spontanée : en soirée, au restaurant, à un anniversaire, dans la rue… En bref, se laisser surprendre par le hasard ou le destin, qui sait ? Personnellement, je ne renouvellerai pas l’expérience, à moins d’être toujours célibataire à 40 ans. Mais il ne faut jamais dire jamais. Croisez les doigts pour moi !

Et pour ceux ou celles qui se le demandent : oui, je suis rentrée seule.

Aline Richermoz