Aujourd’hui en crise, la filière agricole, soucieuse de l’avenir de la profession pour les générations futures, fait entendre ses revendications. L’occasion pour Circonflex Mag de rencontrer 3 étudiants scolarisés à l’Institut de Genech, un établissement d’enseignement agricole.
Marges excessives des distributeurs, produits phytosanitaires ou encore remise en question du droit de libre échange… voici certaines revendications des agriculteurs en colère. Ce mouvement national inquiète et questionne les étudiants de la filière agricole. Certains ont participé à leur premier barrage comme Pierre-Jean, déjà cultivateur, élève en troisième année de bachelor de gestion commerciale : « C’est notre avenir qui est en jeu. Je me devais d’être là. J’ai pu discuter avec les habitants qui venaient nous voir et leur expliquer les difficultés qu’on traverse ». Ceux qui n’y sont pas allés ne se sentent pas moins concernés ni moins soucieux de leur avenir. « Maintenant j’ai peur que ce soit compliqué de m’installer, la charge administrative et le prix d’achat des grossistes m’inquiètent », raconte Jules, étudiant en classe de première horticole, et qui souhaite devenir maraîcher. Les réalité du métier, à leur gout trop peu souvent abordées durant les cours, les tracassent. De ce fait, ce sont souvent les étudiants eux-mêmes qui vont solliciter leurs professeurs sur le sujet.
« J’ai hâte d’être dans mon tracteur, j’ai l’impression d’être en vacances »
Pourtant, bien qu’inquiets, les étudiants en agriculture ne veulent pas baisser les bras. Ils l’affirment tous, c’est la passion pour l’élevage ou la culture de la terre qui les anime. Ils n’abandonneraient leur projet professionnel pour rien au monde. « C’est un métier de passion. J’ai toujours su que je travaillerais avec les animaux et j’y arriverai » affirme Éléonore, une élève de première en bac pro CGEA (Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole) qui souhaite être cheffe d’exploitation laitière. La passion pour le monde agricole, souvent transmise par le milieu familial, peut créer dès le plus jeune âge l’envie d’en faire son métier. Ils ne voient pas le travail comme une corvée mais comme un prolongement de leur attachement à l’univers agricole. « La passion fait que tu ne lâches rien. A l’approche du printemps, j’ai hâte d’être dans mon tracteur, j’ai l’impression d’être en vacances » précise Pierre-Jean.
« Je le fais par plaisir mais aussi par nécessité financière »
Les difficultés auxquelles font face les agriculteurs font cependant réfléchir les étudiants et influencent les manières de travailler d’aujourd’hui et de demain. La faible rémunération dans le secteur est l’une des composantes qui inquiète le plus la nouvelle génération d’agriculteurs : « dans l’exploitation, j’ai dû diversifier mon activité en proposant des prestations de service dans les cultures depuis quelques années. Je le fais par plaisir bien évidemment, mais aussi par nécessité financière » témoigne Pierre-Jean. A travers les revendications, les étudiants adaptent leur choix d’orientation scolaire pour se préparer à la réalité du métier :« vu la quantité de papiers administratifs que demande une exploitation agricole, j’ai décidé de continuer les études après le bac et de faire un BTS gestion » précise Jules.
L’amour du métier, plus fort que tout, donne des armes à la génération future pour faire vivre ses projets et ses envies. En se battant pour lui et en le faisant découvrir au plus grand nombre sur les réseaux sociaux, elle espère pouvoir défendre et sauvegarder l’agriculture française.