A Lille, Arnaud, le fondateur des Soldats du Sourire et ses bénévoles, donnent un peu plus de deux heures de leur temps chaque semaine pour venir en aide aux personnes en situation de précarité. Hors périodes de grand froid, ils tournent au rythme d’une maraude par semaine. Leur record a été battu ces deux dernières semaines où ils ont maraudé cinq fois.
C’est dans leur local de stockage situé dans le vieux-Lille qu’Arnaud accueille ses soldats pour préparer les maraudes. Ces dernières semaines ont été intenses, mais l’association n’a pas manqué de bras. “Dès qu’on ouvre une date, on est rempli. On va donc essayer de proposer plus de dates, comme c’est le cas ce dimanche”, explique Arnaud. Dimanche, jour idéal pour ceux qui ne peuvent pas participer aux maraudes en semaine à cause d’horaires de travail tardifs. En presque 4 ans d’activité, l’association n’avait jamais organisé de maraudes le dimanche. C’est une première aujourd’hui. “Avec le froid, les gens se sentent d’autant plus concernés”, ajoute Pauline, la bénévole à l’origine de la proposition de la maraude dominicale, tout en remplissant un sac de couvertures.
La majorité des produits distribués provient de dons de la part de Norauto. Mais aussi d’achats personnels pour les sous-vêtements, les gants et les chaussettes. Une fois les caddies remplis avec des vêtements chauds, des produits d’hygiène, des sandwichs préparés par les bénévoles et des boissons chaudes, c’est l’heure du briefing et de la répartition des groupes. Ici, on ne parle ni de sans domicile fixe, ni de sans-abris. Ce sont les personnes à la rue. “S’il n’y a personne tant mieux, c’est qu’il n’y a personne à aider”, lance Arnaud à ses troupes, avant de partir en maraude. Vestes camouflages brodées de l’écusson de l’association sur le dos et sacs à la main, les soldats entament leur mission.
“On voit tout de suite ce que l’on apporte aux gens, ça nous fait du bien à nous aussi”
Les premières personnes que l’on croise viennent naturellement vers les bénévoles et s’interrogent sur leur présence en ce dimanche. Rapidement, la conversation se noue. Les maraudes ne consistent pas seulement à distribuer de la nourriture et des vêtements aux personnes dans le besoin. Un temps d’échange accompagne les provisions. “Regardez ce que j’ai pris !” sourit Pauline en montrant fièrement une boîte de chocolats Suchard. “Je sais que ça vous fait toujours plaisir” lance-t-elle à chaque personne à la rue que l’on croise. Tout de suite, les visages s’illuminent, l’heure est aux remerciements.
Marauder, c’est aussi être heureux de se sentir utile, même après avoir passé deux heures à déambuler dans le froid des rues de Lille. “On voit tout de suite ce que l’on apporte aux gens, ça nous fait du bien à nous aussi” confie Maïté, venue d’Arras avec sa mère pour prendre part à la maraude. La jeune femme ajoute : “j’avais cette envie d’aider, de pouvoir apporter quelque chose à quelqu’un et de me sentir utile à la société”. C’est après avoir vu L’Abbé Pierre – Une vie de combats qu’elle a sauté le pas et participé à sa première maraude.
Après avoir croisé une dizaine de personnes, les soldats rebroussent chemin en direction de leur caserne. Les caddies sont plus légers, ils rentrent, le cœur réchauffé d’avoir distribué des dizaines de sourires. Bilan des courses : des thermos de soupe et des sacs de vêtements vides. Cette première maraude du dimanche ne sera certainement pas la dernière pour les Soldats du Sourire.