Photo Sophie N.
Photo Sophie N.

Sophie NESVADBA BLANQIUART : Octobre rose ou le mois de tous les défis

A 53 ans, Sophie Nesvadba-Blanquart est devenue l’une de ces femmes qui osent parler du cancer du sein et qui ne s’en cachent pas. Retour sur une femme forte qui donne à Octobre rose tout son éclat.

Vous l’auriez croisé dans la rue, vous ne l’auriez surement pas remarqué. Une « femme grande et maigre » comme elle se décrit elle-même, on en croise tous les jours. Pourtant en ce mois d’Octobre Rose, elle prend le costume de conférencière et s’attelle à un défi colossal : la communication sur le cancer du sein.

Le choc

« Tout commence en 2013, lors d’un simple contrôle de routine… » C’est ainsi qu’elle débute la plupart de ses conférences. Car oui, c’était bien dans la routine que Sophie appréciait sa vie. Titulaire d’un haut poste dans une entreprise reconnue, un mari et 3 enfants, un train de vie sportif…absolument rien ne pouvait la préparer à cela.

Et puis il y a ce fameux contrôle. A 43 ans.  Elle explique l’apparition de taches sombres sur sa radiographie, la nécessité de faire un prélèvement. Et puis le choc. On lui diagnostique un carcinome canalaire infiltrant, l’une des formes les plus courantes de cancer du sein.

“Maman est malade mais maman va guérir”

« Dans ce cas, on n’a pas beaucoup d’autres choix : il faut se battre » Une phrase digne d’un roman mais dont on sent tout de même toute la fragilité. Pourtant le ton reste confiant. La radiothérapie, l’hormonothérapie, la chirurgie, elle en parle presque avec indifférence. Ce n’est que lorsque qu’elle évoque sa famille que l’on ressent une certaine faille. « Maman est malade mais maman va guérir » a-t-elle annoncé à ses enfants de 8,11 et 13 ans. L’indifférence de l’enfance cette fois. Elle surprendra cependant la plus jeune en train de s’arracher les cils car « cela permet de faire un vœu ». Sophie ne saura jamais si ces fameux vœux la concernaient.

Du coté de son mari, elle reconnait que cela a été plus difficile. Lui faisait comme si tout allait bien. La vie continuait, mais pas le tourment. « Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour le mériter ? »  Elle finira par lui rappeler que ce n’était pas une simple grippe, mais bien un cancer. « Je ne savais pas encore qu’au même moment, il était en pleine préparation d’un voyage en amoureux à Londres pour aller voir la comédie musicale Mamma Mia ! » avouera-t-elle avec humour.

“J’ai finalement repris ma vie comme avant… Enfin à peu près.”

Sophie continuera l’hormonothérapie pendant 5 ans. « J’ai finalement repris ma vie comme avant …enfin, à peu près ». Cependant,  elle parle d’une problématique peu évoquée. « Une fois le cancer vaincu, vous vous retrouvez seule comme s’il ne s’était rien passé. La vie continue mais vous avez l’impression bizarre qu’une part de vous n’a pas suivi. » Elle évoque le manque de moyens sur la question de l’après, notamment sur le plan psychologique.

En ce qui concerne le suivi purement médical, elle continue les contrôles tous les mois. Mais en 2019, c’est  la rechute. On lui repère des cellules cancéreuses à un stade précoce. Pas le choix : après avoir atteint la dose maximale de radiothérapie, il faut effectuer une ablation du sein.  Loin d’être abattue, elle choisit la résilience : « Il faut l’accepter ». Son sein ne repoussera pas mais la reconstruction immédiate a pu amortir le choc de l’opération.

Elle finit en évoquant Octobre Rose ainsi : « J’admire ce que tout le monde fait pour Octobre rose mais il ne faut pas oublier que derrière cette jolie couleur, il y a des visages de femmes qui luttent, qui survivent, parfois qui meurent. J’en vois encore qui ne savent pas le poids et les défis que représentent ce petit ruban rose »

 

Auteur : Thomas Courtois