On est loin de la conférence érudite et inaccessible. Le but, c’est de comprendre le lien entre les héros et la mythologie. Mardi dernier, Thomas Gamelin, docteur en égyptologie et prof à la Catho, nous a expliqué pourquoi Voldemort, Sauron ou encore Dark Vador ont le rôle des « méchants » du film. Circonflex Mag vous donne la recette !
Une louche de jalousie.
Pour devenir un grand méchant, rien de mieux qu’une bonne dose de jalousie. Replongez-vous dans l’univers d’Harry Potter… Quel est son premier ennemi ? Drago Malefoy ! Il est le portrait négatif de notre jeune héros : blond, arrogant et dominateur dans ses amitiés. Avant, il était le roi des élèves de Poudlard. Quand Potter lui vole la vedette à son arrivée, Malefoy bascule du côté des vrais méchants : il ira même jusqu’à affronter Dumbledore. D’après T. Gamelin, ce n’est pas un méchant inutile. Drago permet de « tester » les capacités de combat de Potter avant son affrontement contre Voldemort. Jalousie, quand tu nous tiens … Changement d’univers avec Gollum, « qui est le plus jaloux des êtres » selon T. Gamelin. Pourquoi ? Il tue son meilleur ami Deagol car il jalouse sa possession de l’anneau. Ce meurtre fait d’ailleurs écho au premier meurtre de l’Humanité, celui d’Abel par son frère Caïn, décrit dans la Bible.
Quelques litres de soif de pouvoir.
Si vous n’êtes pas encore assez méchant à votre goût, ajoutez de la soif de domination et une très grosse envie de prise du pouvoir. Par exemple, Sauron dans le Seigneur des Anneaux, n’hésite pas à tuer pour dominer à lui seul la Terre du Milieu. D’ailleurs, il montre toute la difficulté de représenter physiquement le mal car il est souvent caché derrière une armure, un œil sans paupières, un anneau… Dans la même idée, Lex Luthor ou Zod sont les ennemis de Superman car ils souhaitent s’emparer du pouvoir. Cette soif de toute-puissance n’est pas sans lien avec la cosmogonie grecque. Elle illustre parfaitement la difficulté de garder le pouvoir une fois qu’on le possède. En effet, Chronos avalait ses enfants de peur d’être détrôné, comme l’avait été son père Ouranos.
Une pincée de peur de mourir.
Pour parfaire votre méchanceté, n’oubliez pas l’importance de la peur de mourir. Elle est le moteur de nombreux personnages maléfiques dans les films. Anakin Skywalker, alias Dark Vador, rêve que sa femme meurt en accouchant. Il se met donc en quête de l’immortalité et c’est là qu’il bascule du côté obscur de la force. De même, Voldemort divise son âme en 7 morceaux, qu’il place dans différents objets pour ne jamais mourir. Cette poursuite de l’immortalité n’est pas nouvelle et elle est même le sujet d’un des plus anciens textes de l’Humanité : l’épopée de Gilgamesh.
En bref, les conférences de Thomas Gamelin sont un vrai rendez-vous pour les personnes qui y assistent. Ces rencontres quinzomadaires sont l’occasion de comprendre l’origine mythologique des héros modernes. La prochaine s’intéresse à la lutte du Bien contre le Mal, le 4 décembre à la Catho. Pour Baptiste, étudiant en histoire et fidèle auditeur, ces conférences montrent « le rapport entre la mythologie et la culture actuelle sur lequel se développent toutes nos pensées, nos idées et nos rêves ». Il ajoute que « tout le monde rêve d’être un super héros un jour ». Pas vous ?