Depuis 2019, l’entreprise PowerOfMoss se sert des nombreuses capacités naturelles de la mousse végétale pour créer des cadres intérieurs dépolluants et installer des toitures isolantes. Fondée par deux passionnés de nature, Josse Le Blan et Arthur Lejeune, dont la volonté est d’apporter un peu de vert dans le gris des villes, la start-up est aujourd’hui en pleine expansion. Circonflex Mag est allé visiter leurs locaux pour vous faire (re)découvrir la mousse !
La mousse, on la croise souvent dans des lieux à l’abandon, figés dans le temps. Chez PowerOfMoss c’est tout l’inverse : cette entreprise de la métropole lilloise voit dans ces végétaux la capacité d’apporter des réponses à des questions environnementales qui arrivent très vite.
C’est dans la zone industrielle de Lesquin que nous sommes accueillis par la jeune équipe Moss. Aymeric est chargé de nous faire visiter l’entreprise. On commence par le showroom, qui sert de vitrine aux visiteurs et clients. A l’honneur, le bestseller de l’entreprise : le cadre végétal. 90cm sur 60cm. Esthétiquement, le produit est réussi. Mais là n’est pas sa seule qualité. Son objectif, c’est surtout de dépolluer l’air ! Pour nous montrer son fonctionnement, Aymeric imbibe le cadre d’eau de pluie et l’effet est quasi-instantané : le cadre se met à gonfler … et absorbe l’eau. Impressionant !
Une capacité d’absorption équivalente à trois arbres centenaires
« La mousse est une bryophyte, elle fait partie des plantes qui n’ont pas de racines et qui doivent puiser leurs nutriments autre part que dans la terre, nous explique Aymeric.« Elle est dotée de millions de feuilles qui vont absorber les polluants présents dans son environnement et ainsi filtrer naturellement l’air. Par ce processus, le cadre végétal possède des capacités d’absorptions semblables à trois arbres centenaires. »
Pour l’entretient, rien de bien méchant : il suffit d’humidifier son cadre de temps en temps et c’est tout ! Le reste, c’est la mousse qui s’en occupe !
La visite continue et l’on découvre le grand frère du cadre végétal : le totem végétal. C’est le premier produit que PowerOfMoss a mis sur le marché. Il est plus grand, s’alimente automatiquement et possède une capacité de dépollution supérieure. C’est un très bel objet qui laisse glisser un filet d’eau vaporisé sur la mousse mais Aymeric nous explique que le totem s’éloigne des valeurs recherchées par l’entreprise.« Il est un peu trop hightech, précise-t-il, il est nécessaire de faire des travaux pour le raccorder à l’eau et il faut ensuite le programmer par ordinateur ». Autant d’inconvénients que le cadre végétal a laissés de côté.
Un grand hangar aménagé en atelier abrite la chaine de production. Dans l’espace réservé à la culture, Marie effectue des tests avec de la mousse. A côté, Matthias et Gabriel, de la partie recherche et développement, travaillent sur des prototypes. Au moment où on les rencontre, ils assemblent un cadre sur des roulettes et nous expliquent que ce produit sera destiné à investir les bureaux : « on a conçu un cadre mobile, qui possèdera une face en velléda pour pouvoir prendre des notes pendant les réunions ». Matthias nous montre les roulettes : « elles proviennent de tables de ping-pong produites par une filiale du groupe Decathlon, avec qui nous sommes en partenariat. » Aymeric ajoute que les cadres végétaux sont eux aussi composés d’un matériau recyclé puisque c’est la table de ping-pong qui sert de fond aux cadres…
« Tout est optimisé pour être écologique, on essaye de donner du sens à nos actions »
Le constat fait lors de la création de PowerOfMoss, c’était qu’il manquait de la verdure dans nos vies urbaines. Mais proposer un objet qui permette de dépolluer nos intérieurs tout en répondant à un besoin esthétique n’avait de sens que si la méthode de production était écologique. D’où les tables de ping-pong recyclées. Quant à la mousse, élément vedette de l’entreprise, elle provient d’une forêt à la frontière belge.
« On essaie de donner du sens à nos actions en utilisant des matières premières qui sont à moins de 500km de notre atelier. On travaille sur des méthodes de culture pour produire nous-même notre mousse ! Le bois qui sert à la fabrication du cadre est coupé dans une forêt écologiquement gérée à Compiègne et travaillé par un menuisier à Roubaix. Tout est optimisé pour être le plus écologique possible.»
La visite se termine par la table de découpe : un long tapis recouvert de mousse dans lequel vont être taillés les morceaux qui composeront le toit végétal. C’est la deuxième activité de PowerOfMoss, qui n’a pas voulu se limiter à agir à l’intérieur de nos maisons. En mettant de la mousse sur les toits, on allonge leur durée de vie et on gagne en isolation thermique et phonique. Aymeric nous décrit le déroulement de l’installation et ça semble presque facile : « il suffit de poser une première couche de drainant pour réguler l’humidité. Puis on fixe la mousse avec du velcro. » C’est tout. Pas de travaux lourds ni de perçages qui pourraient endommager le toit. Et quand nous avons voulu savoir comment les personnes qui vivaient dans une zone sèche ou très chaude pouvaient avoir un toit végétalisé, la réponse a été catégorique : « On refuse les chantiers. Parfois de très beaux chantiers… Mais on préfère tenir nos engagements. »
PowerOfMoss porte son projet en restant cohérent. L’objectif de ramener de la verdure dans la ville se fait en écoutant la nature et l’on repart avec une vision changée de la mousse.