Plus un chat au marché

Faute de monde, le restaurant  Bloempot du chef étoilé Florent Layden, reconverti en marché tous les samedis depuis le confinement, a fermé ses portes ! Depuis quelques semaines, les producteurs locaux du Nord ont vu malheureusement le nombre de leurs clients hebdomadaires diminuer.

 

 

Comme lors du premier confinement, Florent Layden, propriétaire du Bloempot, cantine flamande à la mode dans le Vieux-Lille, a décidé d’apporter son aide aux producteurs de la région. Il a réaménagé son restaurant, fermé à cause de la Covid,  pour permettre à ses fournisseurs habituels  d’écouler leurs produits.   « Florent nous a contacté et nous a expliqué ce qu’il comptait faire. Il m’a donné les clés et on s’est organisé entre producteurs. Nous avons créé un groupe pour la logistique, afin de déterminer comment respecter les gestes barrières, diminuer les files d’attente, et s’entendre entre nous »,  raconte Charles-Henry, propriétaire de la boucherie Au Fil du Couteau, à Méteren. Cet élan de solidarité devait permettre aux commerçants d’assurer leur fin d’année.  Mais depuis la réouverture de tous les magasins, les clients se font rares devant le Bloempot.

 

« On se demande si on va revenir samedi prochain »

 

Samedi 5 décembre, 10h. Effectivement,  le petit marché est désert ! Il y a encore quelques semaines, le monde affluait entre les murs du Bloempot. Aujourd’hui, les clients arrivent au compte-gouttes. « Ces derniers samedis, c’est de plus en plus compliqué. Au début, il y avait énormément de monde, on faisait la queue jusque dans la rue. Nous n’avions pas une seconde de répit. Aujourd’hui, c’est catastrophique. On se demande si on va revenir samedi prochain », nous confie Brigitte, agricultrice à Leffrinckoucke-village. « En plus, nous, on vend de la farine et de l’huile. Ce ne sont pas des produits qu’on achète tous les jours. »

 

 

Au Bloempot, on trouve pourtant de tout, des légumes, de la viande, des charcuteries, de belles bouteilles. Vraiment, tout ce qu’il faut pour faire de belles petites courses locales. La ferme Le Monde des Milles Couleurs travaille habituellement presque uniquement avec des restaurants : « On est venu pour vendre directement nos produits à des particuliers, et tenter ainsi de pallier un peu à la fermeture des restos. On a le label Bio, on n’utilise vraiment rien, pas d’engrais organique, ça pousse tout seul ! »,  explique Joaquin. Athénaïs, qui travaille à ses cotés, est heureuse de pouvoir participer au marché car cela permet d’avoir une source de revenu supplémentaire. Mais surtout parce que « l’ambiance d’un marché ça change ! C’est plus sympa que de préparer des commandes dans l’entrepôt. En plus, on voit des collègue, et ça c’est vraiment chouette ! »

 

 

Malheureusement, même si Joaquin et Athénaïs apprécient la convivialité de l’endroit, ils font le même constat : « Certains producteurs viennent de loin, ils font une heure de voiture. S’il n’y a pas assez de clients, ce n’est pas rentable, ils vont rester chez eux, et le marché va fermer, faute de stands en nombre suffisant », regrette Joaquin.

 

« La saveur un peu acidulée des feuilles de ficoïde glaciale »

 

Dommage pour la petite clientèle d’habitués qui y trouvait son compte. Notamment des clients réguliers des restaurants de Florent Layden.  «  J’ai acheté des légumes, de la viande et du pain », explique François en montrant son panier.  Nous allions régulièrement diner dans les restaurants de Florent avant leur fermeture. Ça nous manque, et venir ici, c’est une manière de retrouver le goût dans nos assiettes. » Géraldine, elle aussi, avait pris l’habitude de venir le samedi matin au 22, rue des Bouchers : « on achète des produits qu’on ne trouve pas forcément dans les supermarchés. J’ai découvert la saveur un peu acidulée des feuilles de ficoïde glaciale, par exemple. En plus, le concept est sympa : il permet de faire vivre les petits producteurs locaux, qui nous montrent leur savoir-faire. Grâce à Florent Layden, on peut les aider en ces temps difficiles »

 

 

Malheureusement, le marché a dû fermer ses portes, faute de fréquentation.

 

Julie Benmoussa