Qui n’a jamais entendu parler du Magazine club, repère emblématique des amateurs de musique électronique. Le pilier de la vie nocturne lilloise fête tout juste ses neuf ans d’existence. De Cassius à Green Velvet en passant par Boris Brejcha et Laurent Garnier, on a pu retrouver au fil des années une programmation aussi riche que diversifiée. Pour l’occasion, Circonflex Mag a rencontré Péo Watson, directeur artistique du club mais aussi DJ et depuis peu restaurateur. C’est notre portrait de la semaine.
Il sort d’un mix de deux heures, à la gare Saint-Sauveur. Péo Watson nous a donné rendez-vous dans sa loge. Entouré de ses associés et de ses amis, il nous raconte son histoire. Péo est un passionné de musique électronique, elle l’accompagne dans son parcours depuis son plus jeune âge. D’abord dans le milieu associatif, avec des émissions radio et puis lors de collaborations plus institutionnelles avec la FNAC ou la Techno parade. « C’était une époque où la musique électronique n’était pas du tout démocratisée, les Daft punk venaient de sortir leur premier album ». Un genre nouveau pour le grand public français.
Après de nombreux passages dans des bars et des clubs lillois et belges, il décide de poser ses valises en 2006. Darius, son fidèle associé et ami, lui propose le poste de DJ résident et directeur artistique au Supermarket, ancien club emblématique lillois. « On a bien rigolé là-bas ! Le succès du Supermarket nous a poussé, en 2010, vers la création du Magazine Club. 800 spectateurs, une capacité cinq fois plus grande : un vrai challenge. ». La mission était claire : démocratiser la musique électronique alternative auprès du plus grand nombre, la populariser au sens noble du terme. C’est un challenge qui semble aujourd’hui réussi. Mais à quel prix ?
Je ne veux plus faire ce métier de promoteur.
Le milieu a profondément évolué. « Quand j’ai connu l’électro, c’était un mouvement émergeant. Les artistes ne se prenaient pas au sérieux, le public ne portait pas plus d’intérêt que ça aux DJ ». Mais très vite, le culte de l’artiste est arrivé dans la monde de la musique électronique, et a changé la donne. Résultat : les prix des entrées ont grimpé, et vendre des places en quantité est devenu un vrai casse-tête. De cette époque, Péo en est revenu : « Je ne veux plus faire ce métier de promoteur ». Lassé du monde de la nuit, depuis septembre, il engage désormais des collectifs qui s’occupent de booker les artistes à sa place. Aujourd’hui, il ne fait plus que produire de la musique et en jouer. Il n’organise plus d’évènements.
Mais avec ses associés, il a toujours eu la volonté de diversifier ses activités. Après 12 ans de vie nocturne, c’était le bon moment pour proposer un établissement de jour. L’idée leur est venue d’ouvrir un restaurant. Le deuxième, puis le troisième ont suivi … « Avec le club, on a toujours vu grand. Avec les restaurants, c’est pareil, on n’a pas fait les choses à moitié. On a pris des risques à chaque fois. Notre mode d’emploi : on récupère des locaux vétustes, en investissant de l’argent qu’on n’a pas !» La méthode est gagnante : après le succès du Mother ouvert en 2014, le Babe et le Britney se placent dans la lignée. Ces trois restos sont des lieux qui grouillent de vie, où l’on boit, on mange, on travaille, on échange, on fait la fête.
10 millions de vues sur Youtube.
Un club et trois restaurants plus tard, la prise de risque est toujours gagnante. Le travail et l’investissement paient pour Péo et ses associés qui en quelques années, ont su s’imposer et obtenir une vraie renommée dans la restauration lilloise. Mais l’idée, aujourd’hui, c’est de miser sur cette activité en tant qu’assise financière, pour pouvoir continuer la musique. « Ce que je veux faire aujourd’hui, c’est de la musique. En 2004, j’appartenais à un collectif, Kimshies, avec lequel on avait fait un morceau qui n’avait pas trop marché. Résultat, on s’était un peu perdu de vue ». Il y a tout juste un an, Solomun, l’un des artistes les plus célèbres de musique house, a joué ce morceau en introduction de son set lors d’un événement du Cercle, au Théâtre de l’Orange. Signe du destin? Cet événement, avec plus de dix millions de vues sur Youtube, a entrainé le retour d’une collaboration entre les deux artistes qui ont signés avec un label anglais.
Le hasard fait bien les choses, et on a hâte d’entendre le résultat.
Cercle : c’est un média culturel qui produit des expériences uniques, en organisant, filmant et diffusant des concerts dans des lieux soigneusement sélectionnés à travers le monde. L’objectif est de promouvoir artistes et lieux, à travers la production d’une expérience immersive audiovisuelle, avec une volonté de sensibiliser les auditeurs au patrimoine, à l’art, ainsi qu’à la culture.