Les Lillois les plus aguerris, ceux qui connaissent la ville dans tous ses recoins, n’ont pas pu passer à côté de la « Maison aux poupées ». Certains s’en amusent, d’autres la trouvent effrayante et glauque. Qui se cache derrière ces fenêtres remplies de poupées ?
Dans le Vieux-Lille, au crépuscule, une vieille dame est penchée à ses fenêtres. Elle regarde les passants. Juste en-dessous d’elle, des dizaines et des dizaines de poupées, tournées vers le trottoir. Pourquoi autant ? Qui en est le ou la propriétaire ? Des questions laissées sans réponses, jusqu’à aujourd’hui…
Ses poupées, elle les adore et n’en a pas du tout peur.
Lilloise depuis une cinquantaine d’années, Marie-Louise Collin habite cette maison depuis trente-cinq ans. Sa passion, ce sont les poupées. Dans son enfance, elle n’en avait pas. Depuis, elle leur voue une admiration complète, sans aucune raison particulière. « J’ai toujours aimé ça, sans savoir pourquoi ! », affirme-t-elle. Et poursuit : « J’ai beaucoup voyagé avec l’agence belge Richard Coeur de Lion, c’est durant l’un de ces voyages que j’ai commencé à en acheter. ».
Elle s’est pris d’affection pour ces figurines humaines, n’a jamais su s’arrêter et depuis elle les collectionne. Dans son salon, une armoire en est remplie. Effrayant ? Marie-Louise n’est pas de cet avis. Ses poupées, elle les adore et n’en a pas du tout peur. Pour ses petits-enfants, c’est pareil, ils adorent jouer avec.
Sa voisine du premier étage expose, elle aussi, ses poupées sur le rebord des fenêtres et le plus surprenant, affirme Marie-Louise, c’est qu’elles ne se sont pas concertées. « Ma voisine venait avec moi en Belgique et on achetait nos poupées ensemble », explique-t-elle.
Cette fan de poupées est habituée aux petits curieux qui prennent sa maison en photo.
Ce petit bout de femme, bijoutée et maquillée, est née en 1936. « J’ai 81 ans ». Un rapide calcul, le compte n’est pas bon, mais personne ne lui en voudra de se rajeunir. « Vous savez pourquoi je suis venue ici, dans le Nord ? », s’exclame cette Vosgienne. Son mari, originaire de Lille, a réalisé son service militaire dans sa ville natale, à Contrexéville. C’est pour lui qu’elle est venue habiter dans cette région.
Cette fan de poupées est habituée aux petits curieux qui prennent sa maison en photo et elle en rit. « Je me retire de la fenêtre parce que je me dis qu’ils sont en train de me prendre en photo », rigole-t-elle. Mais aucun n’a jamais osé sonner à sa porte pour en savoir plus. Quand elle est arrivée, on lui a demandé de choisir entre le premier et le deuxième étage. Elle a choisi le deuxième pour le bien-être de ses petites protégées. « Je me suis dit que je serais chauffée par le premier et j’avais raison. J’ai bien chaud et mes poupées aussi », ricane Marie-Louise avant d’entamer une discussion sur le chauffage de sa voisine.
Ce sont toujours les mêmes, à la même place, depuis trente-cinq ans.
Ses loisirs ? « Aller en Belgique pour manger et guincher. Et puis bien sûr, les poupées », s’enthousiasme cette maman de dix enfants. Quant au choix de ses poupées, elle n’a aucune exigence, elle achète celles qu’elle préfère. Certaines sont « en belle matière », d’autres en porcelaine. Elle ne les change jamais de place ; ce sont toujours les mêmes, au même endroit, depuis trente-cinq ans. Mains dans les poches, sourire aux lèvres, prête à rire, elle se confie : « Je dis souvent à mes enfants, le jour que je partirai, vous les vendrez et ça vous fera des sous ».
Aline Richermoz
Notre invitée en quelques dates :
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- 1936 : Naissance de Marie-Louise Collin.
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- 1955 : Mariage et naissance de sa première fille.
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- 1969 : Arrivée dans le Nord.
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- 1989 : Début de sa collection de poupées.