Depuis un an, la vague #MeToo a tout emporté sur son passage. Elle offre un espoir vers l’égalité femmes-hommes. Ce combat est le cheval de Troie des militant(e)s de l’association Osez Le Féminisme. Le nom parait plutôt clair ! Rencontre avec le pôle associatif de Lille.
Deuxième étage du café citoyen. Des escaliers exigus et du vieux plancher. A l’arrivée, une dizaine de femmes … et deux hommes. « Malheureusement, nos réunions sont souvent composées de la sorte. Evidemment, on voudrait que ça change ! » lance Amandine, une des responsables.
« Féminister » la société.
Lancée en 2009 à la suite de coupes budgétaires pour le Planning familial, l’association est présente partout en France. Ce qui lui permet de faire passer ses idées et d’avoir un impact sur l’opinion publique. Osez le féminisme se définit comme « universaliste, laïque, abolitionniste, progressiste, a-partisane, anti-raciste et anti-LGBTphobie. » Quel est son but initial ? « Nous voulons ‘féminister’ la société, nous explique Amandine, c’est-à-dire la sensibiliser à toutes les questions qui ont trait à l’égalité des sexes. Pour nous, c’est cela le féminisme : l’égalité entre femmes et hommes. »
L’association s’appuie sur des chiffres : « Aujourd’hui, il existe de vraies inégalités entre femmes et hommes : rien que dans notre pays, ces derniers gagnent 27% de plus, ne font que 20% des tâches ménagères et représentent 73% des députés à l’Assemblée Nationale. Pendant ce temps-là, 83000 femmes se font violer chaque année, une femme décède tous les 2 jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint, etc. Comment expliquer ces différences qui persistent malgré l’égalité en droits ? »
Alors que faire ? « Nous avons des missions de sensibilisation, que ce soit dans l’espace public, sur les réseaux sociaux, ou avec des institutions qui nous demandent d’intervenir. A Lille, nous organisons des débats tous les mois. »
Par des hommes pour des hommes.
Ce soir-là, il est notamment question de la place des femmes dans le journal L’Equipe. Pendant près d’une heure, une intervenante démontre à quel point le journal prête peu de place aux femmes et les sous-estime : « C’est un journal fait par des hommes pour les hommes. Une étude du Monde de 2017 montre que sur une année, seules 4 unes du journal montraient une femme. » « Mais c’est complètement insupportable ! », s’exclame une bénévole. Rapidement, le constat laisse place au débat. « Ce journal entretient une forme de sexisme en véhiculant l’image de la femme absente ou de la femme sexualisée dans le sport », intervient une autre bénévole. La dénonciation. Tel peut paraitre le maitre mot dans ces réunions. Mais Amandine s’en défend : « on pourrait croire que nous sommes contre les hommes. Au contraire, nous cherchons à les intégrer au débat ».
Intérêt croissant chez les jeunes.
Malgré l’affaire Weinstein, le nombre d’adhésions à l’association n’a pas augmenté mais « on constate une nette augmentation de l’intérêt des jeunes pour cette cause, et ça donne un véritable élan ». Au point que deux militantes d’Osez le féminisme, Margaux Collet et Raphaëlle Remy Leleu, ont écrit un livre, Beyoncé est-elle féministe ? … et autres questions pour comprendre le féminisme .
« Avec ce livre, nous espérons donner des clés de compréhension et les moyens d’agir, explique Amandine. Il s’agit d’une vulgarisation pour décrypter et lutter contre le sexisme avec 10 questions autour de ce thème qui les traite avec humour. » Osez le féminisme animera des débats autour des violences conjugales le 22 novembre prochain. Puis les 14-15 décembre, le comité national organise un feminist camp’ à côté de Paris.