Le prix de la sécurité

Depuis le 1er février 2023, la plateforme Uber a augmenté le prix de ses courses. Le tarif minimum pour un trajet passe de 6€ à 10€ 20. Pour de nombreuses étudiantes, prendre un Uber à une heure tardive était synonyme de sécurité. Vont-elles pouvoir continuer à assumer financièrement le prix de leur tranquillité ? Quelles sont les alternatives ?

Continuer à utiliser l’application Uber pour rentrer chez soi le soir malgré la hausse des tarifs ? Les avis sont très partagés. Il y a celles qui n’en démordent pas : leur sécurité n’a pas de prix. C’est le cas de Maeva, 22 ans. La jeune femme a vécu une expérience traumatisante alors qu’elle regagnait son domicile après une soirée passée avec des amis. « J’ai été suivi par un homme à l’allure étrange. J’ai commencé à avoir très peur, j’ai changé de chemin. Deux autres individus sont arrivés, habillés de la même façon, et m’ont encerclée. Je me suis mise à courir. Par miracle, j’ai croisé un de mes professeurs, et l’histoire en est restée là. Depuis, je m’arrange toujours pour ne jamais être seule le soir dans les rues et je rentre systématiquement en Uber. » Malgré l’augmentation du prix de la course, elle va continuer à se servir de l’application : « je ne veux plus jamais revivre ce que j’ai vécu ».

« Je n’ai pas les moyens d’utiliser Uber »

Et puis il y a celles qui rentrent désormais à pied. Trop cher. Impossible de sortir une somme plutôt rondelette de leur porte-monnaie, même pour garantir leur sécurité. Clélia, 19 ans, explique : « Personnellement, je n’ai pas les moyens d’utiliser Uber. Lorsque je vais en soirée, ou bien boire un verre avec mes copines, je m’organise toujours avant de sortir. On s’arrange entre nous pour rentrer ensemble, on dort les unes chez les autres. Quand je n’ai pas de solution, je ne sors pas. Je ne peux pas mettre 10€ pour un trajet qui dure à peine 5 minutes. »

A Lille, heureusement, il y a d’autres solutions pour rentrer chez soi sans avoir peur de faire une mauvaise rencontre. Mathilde, 19 ans, utilise régulièrement « la ligne de nuit ». On doit cette judicieuse initiative au réseau Ilévia …Tous les jeudis et les vendredis, de 00h40 à 5h du matin, et le samedi soir de 1h40 à 6 h, des bus circulent dans Lille. Ils peuvent déposer leurs passagers « à la demande », c’est-à-dire entre deux arrêts afin de réduire les trajets à pied.« Je prends toujours le bus pour rentrer chez moi quand je sors la nuit, raconte Mathilde. Il me dépose à quelques mètres de mon appartement, c’est très rassurant. Tout le monde n’est pas au courant de cette solution, alors que c’est pratique et beaucoup moins cher. »

Demandez Angela

Pour d’autres, le prix des courses Uber qui augmente n’est pas vraiment un souci : elles n’ont jamais utilisé cette plateforme. Garance, 20 ans, est étudiante et a ses habitudes :« J’utilise des applications comme Bolt ou Free Now. C’est moins cher. En plus, elles proposent souvent des codes de promotion. Et quand on installe l’application, la première course est offerte. Ça devient vite rentable, alors j’en profite. En plus, les chauffeurs sont très professionnels, ils arrivent vite et je n’ai jamais eu de problème avec eux. »

Sinon, pour celles qui rentreront désormais à pied, reste le dispositif Demandez Angela. Il permet aux femmes, jeunes et moins jeunes, de trouver refuge dans un établissement partenaire. Bars, boites de nuit, assos, métro, plannings familiaux : ces volontaires s’engagent à accueillir et à soutenir les femmes qui pourraient se trouver en situation d’insécurité, le jour comme la nuit. Situés dans différents quartiers de Lille, ces « Saint-Bernard » sont reconnaissables grâce à un autocollant appliqué sur leur vitrine ou leur porte d’entrée, un macaron à fond bleu et écriture rouge distribué par la mairie. En cas d’agression sexiste ou sexuelles, de comportements déplacés ou délictuels, pas d’hésitation : demandez Angela !

Liste de quelques lieux engagés avec le dispositif « Demandez Angela » :
• Bar le Privilège, 2 rue Royale
• Maison des adolescents, 1 rue Génois
• Aeronef
• Locaux association CAFFES, 7-9 rue des Jardins
• Bar Bernadette, 55 rue Basse
• Club The Box, 3-3 bis rue Saint Etienne
• Accueil de jour Rosa, Association Solfa, 94 rue de Wazemmes 
• Bar The Queen Victoria, 161 rue Solférino, Lille
• Planning familial du Nord, 16 avenue Kennedy, Lille
• La Relève, 14 rue Masséna, Lille
• Agence ilévia, Place des Buisses, Lille
• Agence ilévia, Gare Lille Flandres
• Agence ilévia, Métro République Beaux-Arts
• Les Sales mômes, 91 quai de l’Ouest, Lille