10 millions. C’est le nombre de tonnes de pneus brûlés chaque année en Europe. Plutôt affolant. Mais le tout jeune diplômé Hubert Motte a peut être trouvé une solution alternative : récupérer ces pneus pour en faire des ceintures. Depuis 2017, il mène ce projet avec La vie est Belt. Circonflex Mag est allé à sa rencontre pour papoter écolo, citoyen, et entreprenariat.
Commençons par les présentations. Hubert Motte a 25 ans et il y a deux ans, il obtient son diplôme d’ingénieur de l’école lilloise l’ICAM. Nous avons rencontré l’entrepreneur au Lovibond, tout nouveau bar culturel de République – où il nous explique que ce sont ses études en alternance qui lui ont permis de créer La Vie est Belt. « Je développais des produits de ski chez Décathlon, ça me plaisait, mais mon quotidien manquait d’aventure et de sens », confie-t-il. Pour clore son cycle d’étude, Hubert part à l’aventure en Colombie, où il observe le nombre hallucinant de déchets et de gens vivant autour.
Il me restait 100 euros en poche
Electrochoc. Prise de conscience. Hubert décide de faire quelque chose de son diplôme d’ingénieur. Il se donne un défi : un impact positif sur la planète et sur l’homme. Début 2017, il crée La vie est Belt. La machine est lancée. « Je fais du vélo, recycler un déchet que je produis, c’est une idée qui m’a tout de suite emballé. Les pneus, on ne les recycle pas. Mais il fallait trouver à quoi cela pouvait servir. J’ai pensé à des ceintures, parce que tout le monde en porte … » Et voilà comment Hubert s’est retrouvé dans la cave de sa collocation, à Wazemmes, à découper des pneus pour les transformer en ceintures … « Lorsque j’ai commencé, je n’avais pas un centime. Rien …Enfin si, pour être honnête, il me restais 200 euros en poche. Pour trouver un peu de financement, j’ai participé à des concours comme La Fabrique Aviva, Bravo les Jeunes, qui m’ont permis de développer mon projet ».
Si La Vie est Belt tente de réduire la pollution, l’entreprise essaie aussi de faire reculer l’exclusion sociale. Aujourd’hui, plus de 500 000 personnes en situation de handicap sont en recherche d’emploi en France, et autant se retrouvent socialement isolés, professionnellement exclus. Hubert a fait le choix d’intégrer des personnes fragilisées par le handicap à son projet. Désormais, ce sont Anne, Gäétan et Christophe qui confectionnent les produits, dans une entreprise adaptée à Tourcoing. Chacun des ouvriers décide de la manière dont il veut transformer le déchet. Ce qui rend chaque ceinture absolument unique. Et lui apporte une plus-value indéniable…
Continuer à tout faire pour changer le monde
Quand on demande à Hubert les conseils qu’il donnerait à des jeunes diplômés qui souhaitent entreprendre, il ne cite qu’un facteur de réussite : l’envie. « Il ne faut pas trop se poser de questions, il faut avoir envie et y aller, se lancer. J’ai tout de suite, très vite, agi, prototypé, créé, rencontré des gens. Ça provoque des chances incroyables, que l’on ne soupçonne pas. Si on attend trop, alors on se heurte aux barrières que nous posent la société et notre entourage. »
Comme quoi, tout devient possible quand la vie est belt !
Hubert est confiant et ambitieux pour l’évolution de son entreprise : « La suite ? Continuer à tout faire pour changer le monde. On est petit, on va essayer de faire grandir le projet, de créer plus de produits pour développer plus d’emplois solidaires ». La Vie est Belt commence déjà à recycler d’autres matières, comme des chutes de tissus. Et souhaite développer des produits bi-composant, pour en faire des sacs, des portes-feuilles, des portes clés, des noeuds pap’. Bien sur, tout ce joli catalogue est disponible sur le site. L’entreprise se dit très ouverte aux stagiaires et à tous ceux qui sont prêts à travailler au développement du projet. Il paraît que plus on est de fous, plus les choses changent !
Donner du sens
De Bogota à Lille, l’histoire a grandi, et on espère la voir grandir encore. Nés d’un voyage, ces produits sont le fruit d’une envie d’un monde meilleur, plus juste, plus solidaire, plus à l’écoute. Et de quelque chose qu’on ne nous apprend pas à l’école : donner du sens. Cette quête de sens, c’est sans doute le mal – enfin, le bien – de la génération Z, notre génération. Qui de plus en plus souvent, passe à l’acte, entreprend, voyage, écoute et agit. « Ça fait du bien de revenir au bon sens. On nous rabâche souvent tous les problèmes de notre société, écologie, exclusion, chômage … mais on oublie parfois qu’on peut aussi agir », explique Hubert.
Alors, que la Vie soit Belt !