Aperçu dans Bienvenue chez les Ch’tis, dans Babysitting et plus récemment dans Second tour, Philippe Duquesne fait partie des acteurs habitués aux seconds rôles, que l’on reconnaît parmi mille. Avec 30 ans de carrière et une centaine de tournages à son actif, Philippe revient sur ses débuts, une bière à la main et les yeux remplis de souvenirs.
“J’ai décidé d’être acteur vers l’âge de 12 ans ” se souvient Philippe Duquesne, quand on lui demande à quand remonte sa vocation. “Le cinéma me fascinait et particulièrement Louis Jouvet”. Mais très vite se pose la question de l’accès au métier. Il évoque ses premiers stages d’expression corporelle à Béthune, les fameux “trucs par lesquels il faut passer”. Du haut de ses 15 ans, alors qu’il débutait des études de tourisme, sa curiosité et sa fascination pour le cinéma l’ont amené à toquer à la porte d’une troupe de théâtre de Béthune avant de l’intégrer. “Je voulais tout faire tout de suite mais ça ne s’est pas passé comme ça”.
“La mentalité nordiste me manque”
Deux choses animent l’acteur. Son métier, bien sûr, mais aussi sa région natale. Il n’est pas rare de croiser Philippe Duquesne dans le Nord, où il rend souvent visite à sa famille. “La mentalité nordiste me manque plus que les paysages” rigole-t-il. “Il m’est arrivé de vivre à Paris en appartement et en 3 ans, la relation avec ma voisine de palier s’est limitée à ‘bonjour, bonsoir’. Dans le Nord, ça fait longtemps qu’on se serait fait des petites bouffes.”
Mais à Paris, le visage de notre interlocuteur du jour est désormais reconnu. “Et voila mon cher Philippe” nous interrompt le serveur de l’Escale, bistrot de Montreuil en région parisienne, où l’acteur est désormais installé depuis plusieurs années. Arrivé à Paris à 20 ans pour tenter les écoles de théâtre, il a à chaque fois été “recalé au second tour”. Mais ses efforts auront finalement payé. Sans un rond en poche, le Béthunois a enchaîné les petits boulots, d’abord équipier chez Mcdonald’s, puis manutentionnaire chez Gibert Jeune pour se payer une chambre de bonne et de quoi se nourrir, sans perdre de vue son objectif. “J’ai fini par entrer dans une école qui s’appelait Théâtre en actes à Paris” sourit-il. Dès qu’il avait du temps libre, l’étudiant en dramaturgie pointait le bout de son nez au théâtre, et notamment captivé par une intervention du metteur en scène Jérôme Deschamps à la radio. “Je savais qu’il faisait des stages. Donc je lui ai écrit et il m’a répondu très gentiment qu’il me tiendrait au courant”. Chose promise, chose faite, et voilà Philippe Duquesne qui met l’école de côté à 22 ans pour travailler avec lui. S’en suit une dizaine d’années de travail et la fameuse série Les Deschiens diffusée sur Canal dans les années 90.
“Ce qui me plait dans ce métier, c’est passer d’une chose à une autre”
Aujourd’hui, Philippe Duquesne multiplie les apparitions, en allant des comédies grand public aux séries, en passant par le théâtre et le cinéma de genre de Quentin Dupieux ou d’Albert Dupontel. Une multitude d’apparitions qui ne laissent pas le temps de chômer. “Je me rends compte que ce qui me plait dans ce métier, c’est passer d’une chose à une autre.” En témoignent ses débuts avec le théâtre “visuel” de Jérôme Deschamps puis le travail avec le metteur en scène Alain Françon sur le dramaturge russe Tchekhov. Pas question pourtant de se glisser dans tous les rôles qu’on lui propose. “Il m’est déjà arrivé de refuser des rôles car parfois je ne comprends pas pourquoi on ne les proposait pas à quelqu’un d’autre.” conclut Philippe. L’acteur aura délaissé la chaleur humaine du Nord pour la nonchalance des parisiens mais ce, pour la bonne cause. Il a réalisé son rêve d’enfant et tel un caméléon, il se glisse dans la peau de personnages toujours plus différents les uns que les autres.