À 27 ans, Benoît Saint Denis vit sa deuxième vie. Ancien membre des Forces Spéciales, il est aujourd’hui combattant de MMA professionnel dans l’organisation la plus réputée à l’internationale : l’UFC. Et il compte bien s’y faire un nom. Portrait.
God of War. Ce surnom, Benoît Saint Denis le doit en partie à ses frères, mais également à son passé dans les Forces Spéciales. Aujourd’hui, s’il se fait appeler ainsi, c’est pour sa domination dans l’Octogone, au sein de la prestigieuse organisation de combat de l’UFC. « Ça me caractérise bien. Quand je rentre dans un combat, ma devise, c’est “vaincre ou mourir”. »
Détermination et soif de victoire ont permis à Benoit Saint Denis de parvenir au plus haut niveau du MMA (Arts Martiaux Mixtes) en à peine trois ans. « J’ai commencé le MMA fin 2018 et je suis passé professionnel en 2019. C’est une ascension vraiment rapide dans ma catégorie (poids légers, ndlr), peut-être même un record. » Un record qui s’explique par un rythme intense de combats lors de sa première année : « J’étais très actif, j’ai combattu six fois en un an et ça me rendait vraiment heureux ».
Mais début 2020, la pandémie de Covid-19 l’oblige à diminuer la cadence, avec deux affrontements sur l’année. « Les organisations étaient assez frileuses. Heureusement, grâce à de bons résultats, j’ai pu signer dans celle du prince de Bahreïn, une organisation de qualité qui m’a permis de m’exprimer. » Repéré par le coach renommé Daniel Woirin dans le cadre d’une journée de sélections, le natif de Nîmes a fait de sa passion – encore récente – un métier. « Quand j’ai su que je pourrais faire carrière, je me suis lancé corps et âme. Ce n’était pas facile, notamment au niveau financier : je n’ai été payé que 400€ lors de mon premier combat professionnel. » Mais le sportif français a osé, et s’est engagé dans cette nouvelle épopée : « Je commence enfin à en vivre correctement, notamment grâce à mes sponsors, qui représentent 50 à 60% de mes revenus. Ils sont très importants dans l’aventure de combattant ».
« Tout pour rester au combat »
À 27 ans, Benoît Saint Denis s’épanouit en UFC, l’élite des sports de combat. Pourtant, il y a connu une entrée en matière délicate. En octobre 2021, BSD s’incline pour sa première apparition face à un adversaire 12e du classement mondial, censé être une catégorie de poids au-dessus, puis suspendu un an pour avoir été testé positif à un contrôle anti-dopage. Il sort de la cage le visage ensanglanté mais reste au combat jusqu’à son terme. Hormis cet événement à Abu Dhabi, Saint Denis n’a jamais perdu en MMA. Aujourd’hui, il cumule 10 victoires, dont 2 en UFC, toutes avant la limite du temps imparti. « Je tire une fierté à rechercher le finish. Je veux vaincre mon adversaire par tous les moyens. Tant qu’il tiendra, à moins d’éteindre la lumière, je ferai tout pour rester au combat ». Réputé pour sa force mentale et sa constante envie de dépasser ses limites, l’élève de Daniel Woirin est dans son élément : « Dans ce sport, il n’y a aucune excuse qui vaille. Il faut être bien préparé et tout donner pour gagner. J’y trouve l’intensité du combat que je recherche et je m’y sens bien ».
« J’avais besoin de plus d’implication et de liberté »
Benoît Saint Denis était pourtant voué à un tout autre parcours. Né à Nîmes, aîné d’une fratrie de cinq garçons, il découvre tout jeune les Yvelines, l’Alsace et l’Allemagne au gré des mutations de son père militaire. Puis il débarque à Lille, où sa famille est installée depuis plus d’une dizaine d’années. « Mon père a été muté à La Citadelle, il y est toujours Colonel dans l’armée. Aujourd’hui, Lille est une ville qui me tient à cœur, j’ai vraiment apprécié les années passées ici et j’y ai de très bons amis. » Passionné de littérature chevaleresque et « guerrier » dans l’âme, à 18 ans, Benoît décide à son tour de rejoindre l’armée : « Je voulais avoir l’opportunité de vivre une aventure collective intense. Mais je tenais absolument à faire partie des Forces Spéciales : ce sont les plus actifs sur le terrain ». Bien loin des projecteurs et des gants de MMA, le jeune homme est déjà animé par le combat : « Mon objectif, c’était d’en vivre au sens noble du terme, par l’adversité et les valeurs qui s’y raccrochent ». Il quitte le domicile familial et prend son envol, direction la bande subsaharienne, où il agit au Mali, au Burkina Faso, au Niger. Mobilisé dans le cadre de la lutte antiterroriste, l’opérateur à peine majeur se « régale des patrouilles et des moments collectifs éprouvants », mais n’y trouve pas entièrement son compte. « Les Forces Spéciales sont vraiment plus libres que les autres unités de l’Armée de Terre, on a beaucoup plus de responsabilités. Mais on ne peut pas toujours réaliser les missions que l’on voudrait faire, avec l’intensité que l’on voudrait mettre. J’avais besoin d’encore plus d’implication, et surtout de liberté ».
La liberté, Benoît Saint Denis l’a trouvée dans son sport, lui qui s’estime « aujourd’hui plus satisfait de ce qu’[il] fait ». Et surtout, épanoui tout autant sur le plan professionnel que dans sa vie personnelle : « Toute ma famille est impliquée dans ma carrière, c’est à la fois un plaisir et une fierté. Être bien entouré est la chose la plus importante dans la carrière d’un combattant ». Éloigné de la cage pour une blessure à la cheville, le Français se remet d’une opération et poursuit sa rééducation. Plus de 6 mois après son dernier combat, il pense plus que jamais à son retour : « Je vais tout faire pour recommencer à combattre en juin et enchaîner avec l’UFC Paris en septembre. À terme, mon objectif, c’est d’aller chercher la ceinture dans cette catégorie si prestigieuse des poids-légers ». Une ambition clairement affichée pour un homme déterminé à briller sur la scène internationale, et à faire rayonner le – encore peu connu – MMA en France.