Voilà deux Lillois qui ne passent pas inaperçus sur leurs vélos. Le premier fait près de 200 kilos, l’autre un peu moins. Bien sur, on parle des vélos… Karim et Kevin tiennent une épicerie mobile : du frais, du bio, du bon, le tout livré chez vous. Circonflex Mag les a rencontrés.
Chez Karim et Kevin, on a le choix. L’ultra local et le bio équitable sont leurs crédos. Peut-être les connaissez-vous déjà ? Ils ont créé Comment ça vrac ?, une épicerie mobile bio et à deux roues, qui livre des fruits et légumes de saison dans toute la ville. Comment cette belle histoire a-t-elle commencé ? Karim nous éclaire : « C’est un peu moi qui suis responsable du début de l’histoire. A l’époque, j’étais graphiste, et je me remettais en question sur mon travail ». Même combat pour Kevin, ex-charpentier. Karim et Kevin sont ce qu’ils appellent « deux bons potes », ils se connaissent depuis 6 ans et font de la batucada ensemble, une sorte de samba brésilienne, nous précise Kevin. Après 15 ans passé dans la com’ derrière son écran, Karim a envie d’autre chose. Il veut retrouver du contact humain, de l’authenticité. Il est contre le gaspillage, le modèle de la grande distribution…et c’est un amoureux des légumes biscornus ! « Nous nous sommes demandés : comment faire pour retourner la machine ? Et nous avons trouvé la réponse », ajoute Karim. L’idée est simple : privilégier les circuits courts ! Plus de bio, moins d’emballage et surtout pas de gaspillage. Kevin est dans le même mouvement. C’est donc sans hésiter que Karim propose à Kevin de rejoindre l’aventure. Le projet s’affine, Kevin valide, mais il a une exigence : « J’ai répondu ok à Karim, mais à une condition : qu’on le fasse à vélo ! ». La 1ère épicerie mobile en vrac et bio de la métropole lilloise voit le jour.
Des vélos de compèt’
Comment s’organisent les journées de Karim et Kevin ? 6 heures30 : Kevin fait la tournée des producteurs bio des alentours. Karim ravitaille son vélo en pains et produits secs. 2 heures plus tard, les deux bons potes se retrouvent dans leur local. On passe ensuite à la préparation des vélos. A partir de 11heures et jusqu’à 14 heures, les tournées chez l’habitant s’enchainent, pour reprendre de 16 à 20 heures. Les garçons assurent des livraisons dans toute la ville en limitant les tournées du jour à deux quartiers précis. Par exemple, le lundi, Karim et Kevin font leur tournée dans le Vieux Lille et Lille-centre. Le mardi, deux autres quartiers sont couverts, et ainsi de suite. Du producteur à l’habitant, tout est fait à bicyclette. Alors bien sur, on n’a pas résisté, on leur a demandé combien de kilomètres ils avalaient. Kevin a souri et nous a dit : « Ça dépend des jours, ça peut aller de 20 à 30 kms ». Heureusement, ils ont des vélos de compèt’, le plus lourd possède même un petit moteur.
Des sacs et des bocaux.
Et comme ils sont beaux, leurs vélos ! Partout où ils passent, ils attirent l’attention. D’où viennent-ils ? Karim nous conte leur histoire. Ces vélos, c’est une bonne affaire, nos épiciers avaient un budget limité. « Ils appartenaient à un gars qui vendait du café devant Euralille, on a vu qu’il s’en débarrassait. Avec Kevin, on n’a pas hésité une seconde, on les a récupérés ». Kevin, ancien charpentier, les a adaptés à leur nouvelle activité. Leur marchandise étant précieuse, il convient qu’elle voyage paisiblement. Il faut les voir en vrai, ça vaut le détour !
Comment ça vrac ? , comment ça marche ? C’est tout simple. De chez soi, on demande un passage sur le site internet ou par téléphone. Il faut donner son adresse et respecter le jour de passage dans son quartier. Karim et Kevin nous contactent pour une confirmation du rendez-vous. Aucune demande de passage sur commande, on le redit. Chez Comment ça vrac ?, on a le choix : des fruits et légumes biscornus et de saison, du pain, des gâteaux, des jus, des graines … et le tout, bien sur, en vrac ! Aussi, le jour J, pensez à prendre des sacs et des bocaux.
Zéro déchet, zéro gaspillage.
Alors tout ça, sur le papier, ça à l’air cool… mais Kevin ne va-t-il pas nous arracher un bras ? Non ! C’est bon et bio, mais les prix restent honnêtes. « On essaie de ne pas être cher grâce à des prix réalistes. Pour cela, on a la chance de travailler avec des producteurs qui pratiquent des tarifs raisonnables », nous confient-ils. Pédaler permet aussi de réduire les coûts.
Karim et Kevin ont donné vie à un beau projet, inspiré du passé et remis au goût du jour. Leur épicerie mobile est épatante. Ils produisent zéro déchet et zéro gaspillage, l’un grâce au vrac, l’autre grâce à la solidarité. Les invendus sont donnés à La tente des Glaneurs et à L’île de Solidarité. Les deux compères se projettent dans le futur : ils chercheraient des vélos et des jambes supplémentaires …