Peas In a Pod, comme deux gouttes d’eau ?

Rachel SEIDU est une jeune photographe nigériane queer qui expose pour la première fois au Théâtre du Nord. Sa galerie, haute en couleur, vient rendre hommage aux communautés queer présentes à Lille et à Lagos, au Nigéria.

Les clichés de Rachel Seidu, ce sont avant tout les récits visuels de ceux que nous
croisons au quotidien, qui nous entourent, mais dont on entend trop peu parler. Dans
cette expo, la jeune photographe dépeint les visages de dizaines de personnes
queer durant des moments de bonheur, d’amour et d’intimité.
Margaux BRICOUT, 28 ans, que l’Institut de la Photographie a chargée de prêter
main forte à la jeune photographe, raconte sa rencontre avec l’artiste : « Rachel
SEIDU est venue en France, je l’ai accueillie pendant deux semaines. Je lui ai
présenté des gens que je connaissais déjà, de mon entourage. Mon activité me
permet d’être proche des drag queens et des personnes queer de la ville de Lille. »
Ainsi, pendant 15 jours, une douzaine de personnes sont passées sous le flash de
Rachel SEIDU, au Labo 148 de la Condition Publique à Roubaix : couples, artistes,
drags, militant(e)s associatifs…

DES PEINES DE MORT DANS CERTAINS ÉTATS

Sur les murs du Théâtre du Nord, ils sont nombreux à s’exhiber, en pleine intimité ou
à l’extérieur, à la pleine lumière du jour. Parmi les principales thématiques mises
sous le feu des flashs, ce sont les questions du genre, de l’intimité et de la sexualité
qui ressortent. Les mannequins d’un jour revendiquent ici leur identité sexuelle et de
genre, mais également leur liberté et leur droit à l’autodétermination. « J’étais fière de
voir mes amis être exposés au Théâtre du Nord. C’est une démarche intéressante
que de permettre à toutes ces personnes habituellement peu représentées d’être
ainsi affichées et reconnues. », confie Margaux BRICOUT.
Ces portraits ne sont pas que des clichés artistiques. Ils témoignent d’une recherche
de reconnaissance, d’un acte de militantisme. Rachel SEIDU réclame des droits et
des libertés, mais aussi la reconnaissance des communautés queer dans son pays,
et plus largement dans le monde. La jeune photographe donne à voir une
communauté LGBTQIA+ lilloise présente et engagée, là où celle de son pays se
terre sous la menace et la peur des représailles. En France, les personnes queer
sont libres, même si elles sont encore victimes de moqueries. Au Nigéria, leurs droits
et leurs libertés sont particulièrement réprimés. Les relations sexuelles entre deux
personnes de même genre sont illégales, et punissables. Ceux qui s’y risquent
encourent des peines de prison, voire des peines de mort dans certains États. Et
pour ne rien arranger, il n’existe aucune protection légale contre ces discriminations.

INVITER AU RASSEMBLEMENT ET À L’UNION

Ces photographies sont donc des symboles forts. Elles témoignent d’une
remarquable créativité de la part de la jeune photographe, élevée en acte de
résistance. Mais aussi d’une revendication et d’une fierté d’appartenir à la
communauté. Et d’une volonté puissante de vivre en accord avec soi. Rachel SEIDU
cherche ainsi à questionner sur un possible monde dans lequel chacun serait libre
d’être ce qu’il souhaite, et d’être avec qui il souhaite. L’objectif, derrière ces clichés,
étant d’inviter au rassemblement, à l’union, sans tenir compte du genre ou de
l’orientation sexuelle de chacun. Une exposition à la fois engagée et esthétique, dont
les couleurs et les histoires méritent définitivement le détour !
L’expo sera présente au Théâtre du Nord, place du Général de Gaulle, sur la Grand
Place de Lille, jusqu’au 20 décembre, alors ne tardez pas !
La visite est gratuite : )

CLARISSE DE MOOR