Durant un an, elle a été machiniste dans le spectacle intermittent. Pendant 12 ans, elle a occupé ce même poste à l’Opéra de Lille. Aujourd’hui, Mélanie Miranda, cheffe accessoiriste, fait partie des esprits créatifs qui se cachent derrière les grandes productions de cette grande maison.
Dès l’adolescence, elle savait que les arts plastiques seraient son domaine de prédilection. Mélanie Miranda s’est rapidement orientée vers le spectacle vivant et la scénographie. À la fin de ses études, la réouverture de l’Opéra de Lille lui a permis d’obtenir un poste en machinerie “J’aurais rêvé pouvoir être cheffe accessoiriste dès le début.. Pendant 12 ans, je me suis consacrée aux mouvements des décors, à leur mise en place, une vraie chorégraphie que je devais mener”. Ces premières années d’expériences ont frayé un chemin à Mélanie, qui au fil du temps, et avec beaucoup de patience, est enfin devenue cheffe accessoiriste de l’Opéra.
“Dès qu’on franchit les portes de l’Opéra de Lille, c’est une autre dimension qui s’ouvre à nous”
Si l’Opéra de Lille propose de grands spectacles, très variés, c’est parce que le budget et les défis liés à cette institution sont bien plus importants que ceux d’une petite scène. Pour autant, Mélanie explique préférer les productions à petit budget “Avant que l’Opéra de Lille devienne mon lieu de travail, je n’avais aucune attirance pour cet art. Je n’en avais même jamais été spectatrice !”. Elle est davantage émue par les efforts produits par une petite compagnie, s’imaginant tout le cheminement fait pour arriver à la représentation. “Moins il y a de budget, plus il y a d’inventivité, ajoute-elle. Dès qu’on franchit les portes de l’Opéra de Lille, c’est une autre dimension qui s’ouvre à nous”.
Avec un budget moyen de 5 000 euros par représentation, Mélanie Miranda doit dénicher toute la liste de références qu’on lui confie en amont. “Afin de trouver mes accessoires, je vais beaucoup sur Leboncoin, ce qui a été une révolution pour moi. Les objets ont déjà vieilli, chacun d’entre eux a une histoire. C’est une source infinie d’inspiration. Elle connait par cœur l’entièreté des stocks dont elle dispose, et souhaiterait beaucoup la mise en place d’un réseau d’échanges des accessoires avec les autres scènes existantes dans la région.
“Mon travail exige de faire constamment des essais, on ne compte plus les heures”
Mélanie raconte que les moments les plus difficiles, les plus stressants sont ceux où les metteurs en scène demandent des changements de dernières minutes. Elle doit faire face à de nombreux défis.” Dans Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini, il y a une scène extravagante durant laquelle le barbier doit se raser avec la chantilly d’un gâteau, avant de la manger.” Malgré d’innombrables tentatives, impossible pour Mélanie de faire tenir la chantilly …jusqu’à ce qu’elle demande conseil auprès d’un pâtissier. “Cette année, le Barbier de Séville revient, et je serai préparée !” ajoute-t-elle avec fierté. Elle se remémore en souriant la pile de 22 matelas posés les uns sur les autres pour La princesse aux petits pois, l’été dernier. Et enchaîne sur son souvenir le plus marquant, son travail sur Le Songe d’une nuit d’été de Benjamin Britten. Elle a dû faire appel à toutes ses compétences en arts plastiques pour confectionner un costume en parpaing et en mousse expansive pour l’un des comédiens. “Lors de la première répétition, le comédien avance sur la scène, commence à jouer, puis d’un coup, le costume se casse”. Mélanie se retrouve bouche-bée devant une équipe hilare, jusqu’au moment où Laurent Pelly, metteur en scène, la regarde et lui dit “ Je veux cette scène tous les soirs”. La cheffe accessoiriste a donc dû reproduire la même “erreur”, devenue partie intégrante du spectacle.
En se remémorant ces souvenirs, Mélanie s’avoue passionnée “Mon travail exige de faire constamment des essais, on ne compte plus les heures. C’est un métier en constante évolution, exigeant, qui demande que l’on se renouvelle tous les jours. Cet apprentissage permanent me fascine.”.