Née à Lambres-lez-Douai, Victoire Berteau a grandi dans l’Aisne. À seulement 23 ans, elle a déjà inscrit son nom dans l’histoire du cyclisme, en se frayant un chemin vers les Jeux Olympiques de 2024 avec l’Équipe de France.
Les parents de Victoire Berteau n’ont pas choisi son prénom par hasard. La carrière cycliste de leur fille est jalonnée de succès : troisième place au Grand Prix de Wallonie en 2023, médaille d’or aux Championnats de France Route la même année. Armée de son sourire et de sa bonne humeur, la jeune femme se prépare pour son nouvel objectif : les Jeux Olympiques 2024 à Paris.
Quand on gagne, on veut gagner encore et encore
Pour Victoire, le cyclisme, c’est déjà une longue histoire. Mise à l’écart des activités sportives de ses frères et sœurs, la petite fille veut voler de ses propres ailes. Après une tentative ratée du côté de la danse, à l’âge de sept ans, elle décide de rejoindre le club de cyclisme local. La liberté qu’elle ressent sur son vélo est immédiate. Elle a trouvé sa voie.
Rapidement, les victoires s’enchainent. « C’est un cercle vicieux. Quand on gagne, on veut gagner, encore et encore ». La tête plongée dans les nuages, elle se remémore ses plus beaux souvenirs.
« Après chaque course, on s’arrêtait dans la boulangerie du coin avec ma maman pour acheter une religieuse au café. Il nous arrive encore aujourd’hui, en traversant un village, de nous dire : « tiens ! Il y a une très bonne boulangerie ici » ».
A la fois sur la piste et sur la route
A 18 ans, un titre de championne de France en poche, elle décide de faire de sa passion son métier. Devenir cycliste professionnelle ? Ses parents veulent bien la soutenir, mais à une condition : Elle doit poursuivre ses études jusqu’au BAC. Pari tenu. Sa promesse l’amène à intégrer l’Armée des Champions. « L’Armée des Champions regroupe des sportifs français de haut niveau. Ils peuvent intégrer La Marine nationale, l’Armée de terre, l’Armée de l’air et de l’espace ou bien la Gendarmerie Nationale. Pour vous citer quelques noms, Florent Manaudou, Clarisse Agnegnenou, ou encore Martin Fourcade sont passés par là. »
Victoire ne peut résister à la tentation d’agrandir son terrain de jeu. Elle trouve du plaisir et de l’équilibre à la fois sur la piste et sur la route. Pour elle, les entraînements de chaque discipline deviennent synonymes de plaisir. L’un -la piste- apporte de la puissance et de la camaraderie. L’autre – la route- une performance plus individuelle. Mais ce qu’elle préfère, c’est le collectif, malgré le stress que cela engendre : « En poursuite, le moindre faux pas peut entraîner un échec de l’équipe toute entière. Si je rate, c’est de ma faute. Résultat : là où je stresse le plus, c’est sur la piste ». Pour faire face, elle adopte des techniques de relaxation et d’imagerie mentale, et s’appuie sur une préparation solide. Avant chaque course, elle a instauré un rituel : un petit déjeuner énergétique, avec des œufs, du pain sans gluten, des flocons d’avoine. Ce qu’elle chérit le plus : un moment post- course dans le camping-car avec ses coéquipières.
« On va vivre ensemble l’année la plus importante de notre carrière ! »
Les Jeux de Paris 2024 approchent à grands pas. La jeune athlète est prudente : « pour le moment, je n’y pense pas trop : il y a encore de nombreuses étapes avant les Jeux ». Toutefois, son optimisme transparaît lorsqu’elle évoque les succès de sa team dans la poursuite par équipe. Elle souligne fièrement : « Ça fait deux ans que nous sommes médaillées pour la poursuite ». Unies comme des sœurs, l’équipe de cinq filles a grandi ensemble. Elles se sont rencontrées à l’âge de 16 ans. Victoire est enthousiaste à l’idée de partager avec ses coéquipières cette préparation des Jeux : « on va vivre ensemble l’année la plus importante de notre carrière ».
Paris n’est pas sa première expérience olympique : à Tokyo, elle a établi un record de France à seulement 20 ans. Mais ces Jeux ont été une grande épreuve, elle admet des moments de vulnérabilité : « Une heure avant le départ, j’ai pleuré à chaudes larmes dans les toilettes. En raison du stress, intense. Mais aussi parce qu’à cause du Covid, il n’y avait pas de public ». Cette année, tout est différent, les Jeux se passent à Paris, en terrain conquis. « Le public est là pour nous, il croit en nous. On va puiser dans cette bonne énergie et performer encore plus. » Avec une première expérience des Jeux et une connaissance préalable du vélodrome grâce aux championnats du monde, Victoire Berteau se prépare à porter haut les couleurs de la France. Avec détermination et optimisme.
« Tout le monde peut y arriver »
En participant à des courses mythiques telles que Paris-Roubaix, le Tour de France ou encore les Jeux Olympiques, Victoire espère bien prouver que le cycliste n’est pas seulement un sport pour les garçons : « le cyclisme masculin fait partie de la culture française. Pendant longtemps, les filles n’y ont pas eu leur place. Mais la France commence à rattraper son retard. Cette année, place à la troisième édition du Paris-Roubaix féminin et à la deuxième édition du Tour de France. » Elle ajoute : « Filles, garçons, qu’importe. Tout le monde peut y arriver. Il suffit d’y croire dur comme fer ».