Le Battle rap représente l’un des fondements du Rap. Le concept est simple : deux MC’s s’affrontent, avec pour seules armes un micro et leurs poésies. Le Rap Contenders parisien, qui a vu passer de nombreux talents comme Nekfeu ou encore Deen Burbigo, a grandement contribué à cette renommée. Lille aussi dispose d’une importante ligue de Battle. Tshuma Hrena, Fred de son vrai nom, est le fondateur de la 59 Arena. Il répond aux questions de Circonflex Mag.
Circonflex Mag : Qu’est-ce que la 59 Arena ?
Tshuma Hrena : C’est une ligue de Battle rap qui s’inspire du délire de Rap Contenders : des sessions sont organisées et on propose à des MC’s de s’affronter en face à face avec des textes préparés.
Comment vous est venue l’idée de créer cette ligue ?
On m’a fait découvrir le Rap Contenders et je ne comprenais pas pourquoi ça ne se passait pas ici. Dans le Nord, on a énormément d’MC’s, on a un potentiel hip hop considérable. Je me suis d’abord inscrit à la punchligue car j’aimais faire des Battles. Voyant qu’il n’y avait toujours rien à Lille, je me suis lancé avec quelques potes, Lyrikan et K5, après la session qu’était venu faire le Rap Contenders à Lille.
Dans ces sessions ne participent que des amateurs de Battle ou aussi des rappeurs au sens plus large du terme ?
Il y a un mix de tout. Pas mal de MC’s, donc de rappeurs de base et pas mal de mecs qui sont peut-être moins hip hop mais plus spécialisés dans le Battle et qui excellent dans cette discipline.
Qui dit Battle dit punchlines. Est-ce que vous avez déjà eu des débordements suite à certains propos dit dans un micro ?
Ouais… Normalement, le délire des Battles, c’est que c’est censé être préparé : les mecs se connectent avant et fixent les limites à ne pas franchir durant le Battle. Il n’empêche que parfois, certains se permettent des petites piques sur les sujet interdits. J’en ai déjà fait les frais (Rire).
Le public peut parfois ne pas comprendre le second degré d’un MC : on a déjà eu des jeunes qui venaient de Paris prêt à en découdre après avoir entendu les phases anti-islam d’un MC lors d’une édition. A la minute où le Battle s’est terminé, on a dû intervenir et on a su calmer les gars. Mis à part cette fois-là, le public est généralement assez cool. On pose le cadre avant. (Sourire)
L’idée du projet 59 Arena est surtout de mettre en lumière le potentiel en Battle de la région.
On sait que vous avez déjà pas mal de sessions à votre actif. Avez-vous déjà essayé d’en organiser une à Paris ?
Non, pas du tout. Pour moi ça n’a aucun intérêt parce que sur Paris, ils ont largement de quoi faire. Ils ont déjà le Rap Contenders, la Punch Airline, la Verbale Ligue qui vient d’arriver… L’idée du projet 59 Arena, c’est surtout de mettre en lumière le potentiel en Battle de la région. C’est pour cela que notre prochaine édition, le 28 avril, se passera à Valenciennes : on veut donner aux MC’s qui ne peuvent pas forcément se déplacer sur Lille la possibilité de montrer ce qu’ils valent en organisant des sessions dans leurs villes.
Pourquoi Valenciennes en particulier ?
On a rencontré Achraf, de C’est Culture. Il nous avait invités dans son émission Musico, et comme il avait aimé notre concept de Battle, on lui avait promis d’organiser un Battle à Valenciennes… tout simplement. (Sourire)
Vous avez déjà cherché à gagner de l’argent sur vos sessions ?
Oui. A la toute première, l’entrée était payante. Ça n’a pas marché du tout (Rires). Après, on a fait ça gratuitement : on avait besoin de se faire connaître avant de prétendre faire des sessions payantes. Mais si l’on veut évoluer en termes de moyens et passer au niveau supérieur, il faudra forcément en passer par là. Il ne faut pas oublier que les MC’s viennent de tous les coins de France : ce serait cool de pouvoir leur donner quelque chose en retour, en plus de la visibilité. A Valenciennes, la session sera gratuite mais il y aura une vente de T-shirt 59 Arena.
En tant qu’organisateur d’évènements à Lille touchant la culture urbaine, est-ce que tu as déjà rencontré des difficultés et des refus dans les organisations de tes sessions ?
Oui, mais je pense que ce n’est pas lié au fait que ce soit de la culture urbaine. C’est surtout parce que le projet est particulier : on demande à des personnes de nous accueillir et de nous permettre de recevoir des gars qui vont s’insulter de tous les noms et se sortir des saloperies pas possibles pendant 2 à 3 heures (Rires). C’est plus ça qui coince quand on explique le projet… Si on est amenés un jour à travailler avec de grandes salles, on va perdre ce côté underground, la proximité avec les gens…
Un mot à dire sur la prochaine édition ?
Elle promet. On a des MC’s qui viennent des 4 coins de France. La session se tiendra au bar le Tandem à Valenciennes. Ca s’annonce très lourd. (Sourire)
Fans de Battle de rap, vous savez ce qu’il vous reste à faire ce samedi 28 avril. Rendez-vous à Valenciennes au bar le Tandem à partir de 21h pour une soirée riche en punchlines d’anthologies. Aucune excuse pour vous, étudiants, l’entrée est gratuite !