Un autre monde

Jeune artiste autodidacte implantée à Lille, Eva Neuville, connue sous le nom de Eiwa nous parle de son univers autour de l’ésotérisme et de son combat contre l’anorexie.

 

Victime de harcèlement dès son plus jeune âge à cause de son surpoids, Eva a trouvé un échappatoire : manger sainement, faire du sport et se cultiver. « A 12 ans, pendant que les autres jouaient, moi je restais chez moi pour étudier ou j’allais faire du sport. Je n’avais pas conscience du danger que peut produire une telle attitude ! ».

Quelques années plus tard, un nouvel évènement vient perturber son quotidien. Elle n’a que 17 ans. Ses rêves de voyages se heurtent à la volonté de ses parents : à cet âge on fait des études, on ne part pas faire le tour du monde. Eva se fait une raison et fait ses bagages …pour la Belgique !

 

 Un moment magique

 

Elle intègre une école de photographie. Mais les études ne lui conviennent pas. Et là, c’est une véritable descente aux enfers qui commence !

« L’école n’était pas faite pour moi. J’étais détruite intérieurement. Je n’arrivais pas à me confier de peur qu’on me juge, à avouer que les études ne me plaisaient pas, se souvient Eva. Tomber dans l’anorexie a été comme une façon de me punir, de montrer aux autres que ça n’allait pas. J’ai été hospitalisée …  Heureusement, j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont aidée. Je m’en suis sortie ». Si une partie d’elle est toujours en reconstruction, cette période de sa vie restera à jamais un tournant. C’est le déclic, elle arrête l’école, prend le pseudo d’Eiwa et se déclare artiste indépendante !

Sa deuxième vie commence en 2017, carnet de dessin à la main…Elle réfléchit au symbole de l’air, se documente sur sa signification et les différents symboles qui l’entourent … « et d’un seul coup, dans ma tête, tout s’est emboîté. Je me suis rendue compte que c’était un moment magique et qu’il se passait quelque chose, explique-t-elle. J’ai commencé à jeter des couleurs sur une feuille. Je ne faisais pas que dessiner, je ressentais ce que j’étais entrain de faire. » En cet après-midi de décembre, c’est une première œuvre qui vient de naitre sous ses doigts !

 

 J’ai appris à plonger au plus profond de moi

 

Depuis sa plus tendre enfance, Eva a toujours été passionnée par le dessin. Avec l’âge, un nouveau monde se forme autour de ses coups de pinceau : celui de l’ésotérisme. « A l’origine, je faisais énormément de travaux qui avaient un rapport intime avec la nature, j’ai toujours été très sensible à sa beauté, nous dit-elle. Et puis j’ai commencé à m’intéresser à l’ésotérisme. J’ai toujours été très spirituelle, mais plutôt du côté développement personnel, tout beau, tout blanc ! Lorsque j’ai traversé cette période très sombre, j’ai appris à plonger au plus profond de moi, dans ce qu’il y a de plus douloureux. C’est grâce à ce travail sur moi-même que j’ai découvert cette spiritualité qu’est l’ésotérisme, qui nous invite à chercher ce qui se cache au fond de nous en terme d’émotion, le bon ou le mauvais, pour découvrir d’autres mondes. ».

 

 

Si l’ésotérisme a pris une place importante dans le travail d’Eiwa, elle est consciente que ce genre artistique est souvent assez mal perçu, et qu’il fait peur à certaines personnes. Ses oeuvres invitent donc à découvrir cet univers inconnu rempli d’histoire, de mythologie et de médecine à travers des symboles, objets, figures géométriques…

Elle travaille également énormément sur le corps féminin qu’il lui tient à cœur de mettre en valeur dans ses travaux. Une façon pour elle de se reconstruire, mais également de montrer à quel point le corps féminin est magnifique ! « Je m’inspire des déesses de différentes cultures pour faire exploser tous les aspects qu’une femme peut incarner : le bien, la détermination, la force ou la faiblesse … je trouve cela fascinant ! »

 

C’est du partage !

 

Enfin, si Eiwa est venue à Lille, c’est pour progresser, mais également pour échanger avec des artistes. « La peinture, explique-t-elle, ça ne se résume pas simplement à être seule derrière sa toile, jeter des idées en vrac, créer une composition. C’est du partage ! » Si elle espère vivre un jour de sa passion, elle souhaite aussi toucher un public, vivre avec lui des expériences. « La plupart des gens qui s’intéressent à mon travail ont déjà des connaissances sur l’ésotérisme et les symboles qui l’accompagnent. J’ai envie d’apprendre aux autres à le découvrir, en piquant leur curiosité. Voilà pourquoi, sur Instagram, j’accompagne avec des textes la plupart de mes œuvres » ajoute-t-elle.
A 20 ans, Eva a déjà de nombreux projets artistiques. Elle aimerait peindre sur des murs pendant des évènements, exposer dans des cafés, travailler en collaboration avec d’autres artistes. Sans jamais perdre de vue son message : prendre conscience de l’importance de son propre corps pour aller plus loin dans la découverte de soi-même.

 

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Julie Benmoussa