Lancée comme une petite révolution écolo en 2015, l’application Too Good To Go a parcouru un long chemin. Où en est-elle aujourd’hui ? De ses débuts prometteurs à Lille jusqu’aux millions d’utilisateurs d’aujourd’hui, retour sur cette évolution avec un regard critique et des témoignages récents pour éclairer le présent.
Dans un article de 2015, Circonflex Mag, toujours au fait des nouveautés, présentait Too Good To Go comme « une application mobile remplie d’ambitions », destinée à « mettre les consommateurs en relation avec des commerçants pour lutter contre le gaspillage alimentaire en leur permettant d’acheter les invendus à prix très réduits ». Le ton est enthousiaste : « Un geste simple, connecté, responsable et à la portée de tous pour lutter contre le gaspillage alimentaire ». L’article soulignait aussi le double bénéfice pour le commerçant : « les invendus remis sur le marché participent aux bénéfices et le coût d’élimination des déchets est réduit ».
On y évoquait également quelques chiffres ambitieux : l’Hexagone, où se gaspillent chaque année 10 millions de tonnes de produits alimentaires selon l’article, devenait une cible pour Too Good To Go, déjà lancée à Lille après Paris. L’idée d’origine – sauver ce qui serait jeté en le revendant à petit prix – était déjà clairement posée comme une mission globale pour l’environnement et un « geste accessible à tous ».
Mais à l’époque, l’application était encore modeste en France : quelques centaines (voire milliers) de commerces partenaires, quelques dizaines de milliers d’utilisateurs, une couverture géographique principalement urbaine. Le texte jouait beaucoup sur l’optimisme : « Tout plutôt que de jeter ! » était le cri de ralliement du projet.
15 à 19 millions d’utilisateurs
Aujourd’hui, Too Good To Go n’est plus une simple startup promue dans les cercles alternatifs : elle est devenue une plateforme de masse. En France, elle revendique plus de 15 à 19 millions d’utilisateurs, contre quelques dizaines de milliers en 2015. Le nombre de paniers « sauvés » totalise désormais des dizaines de millions, bien au-delà des quelques milliers évoqués à l’époque.
L’offre s’est également diversifiée. Là où l’article de 2015 ne mentionnait que des « boîtes surprises » d’invendus alimentaires, l’application propose maintenant des colis anti-gaspi (produits secs, invendus industriels), une option pour dédier un panier à un proche et une plateforme d’intelligence artificielle pour les commerçants afin d’anticiper les invendus. Cette diversification n’était pas visible en 2015 à l’époque, l’idée principale reposait sur les invendus de boulangeries ou de restaurants.
À Lille particulièrement, la croissance est tangible : si en 2015 on parlait d’un démarrage local centré sur quelques restaurants, en 2025 la métropole voit des boulangeries, des supermarchés de quartier et même des groupes étudiants (CROUS, restos universitaires) rejoindre l’initiative.
Mais tout n’est pas rose. Certains usagers regrettent la variabilité des paniers, d’autres signalent des problèmes de logistique : des commerçants qui oublient de mettre à jour leurs disponibilités ou des erreurs dans les horaires de collecte. Le défi pour Too Good To Go aujourd’hui est de maintenir la fiabilité et la transparence qu’on lui prêtait dès 2015 malgré un engouement bien plus fort.
Prolonger l’engagement initial tout en assurant la qualité du service
Depuis l’article de 2015 de Circonflex Mag, Too Good To Go a dépassé ses modestes débuts pour devenir un acteur largement reconnu de l’anti-gaspillage alimentaire. Ce qui était une « belle initiative » locale est devenu une entreprise nationale, voire internationale, avec des millions d’utilisateurs et une offre diversifiée. À Lille, l’application est passée du statut de curiosité écolo à celui de réflexe étudiant et urbain.
Mais le défi désormais est de prolonger l’engagement initial tout en assurant la qualité du service. Les promesses de 2015 – simplicité, transparence, impact – sont plus que jamais exigées par les utilisateurs. Si l’application continue de s’adapter, qu’il s’agisse de logistique, de nouveaux formats ou de partenariats renforcés, elle pourrait rester longtemps dans le paysage des solutions responsables.
Dix ans après, Too Good To Go s’impose comme un acteur incontournable de la lutte anti-gaspillage. Son modèle a prouvé son efficacité mais continue de susciter interrogations et débats, notamment sur la place du don solidaire et la responsabilité des consommateurs. Un parcours remarquable pour une initiative dont Circonflex Mag avait déjà perçu le potentiel dès 2015, à Lille.
Thorin Noé


