« On est allé les chercher jusqu’en Bretagne ». À l’occasion de la chandeleur, équipé d’authentiques Billigs* pour faire sauter les crêpes, le président de l’association Les Bretons du Nord, Rodrigue Lenclud, raconte sa passion pour la musique et pour cette région dont il est tombé amoureux.
«Faux-Breton ». C’est ainsi que Rodrigue Lenclud se nomme pour dire qu’il n’a pas d’attaches familiales en Bretagne. Riche de ses innombrables séjours près de Guingamp et de Lorient, il affirme aujourd’hui : « Chaque année, quand j’arrive au panneau sur lequel est inscrit le mot Bretagne, j’ai l’impression de rentrer chez moi. Je pense sincèrement qu’il y a eu une erreur, je n’aurais jamais dû naitre dans l’Avesnois. »
Rodrigue Lenclud, responsable administratif pour l’aviation civile, est président de l’association Les Bretons du Nord depuis une quinzaine d’années. La Bretagne, il en est fan. C’est en découvrant la musique celtique que Rodrigue s’est pris d’amour pour cette région : « Cela a commencé par une bêtise : j’ai piqué les vinyles de Tri Yann appartenant à mon frère. C’est comme cela que je me suis intéressé à la bombarde* ». Véritable mélomane, il se forme à la musique classique et au jazz depuis l’âge de huit ans en commençant par le saxophone. Il ne s’est jamais arrêté : « En musique, on ne cesse pas d’apprendre ». Présider Les Bretons du Nord lui permet de continuer à pratiquer sa passion : il joue de la bombarde ainsi que de la flûte et du saxophone.
L’association compte 48 adhérents et rassemble trois ateliers : le bagad* constitué d’un pupitre bombarde et d’un pupitre cornemuse, le groupe de danse et le groupe folk Boest an diaoul. D’abord penn-soner* dans le bagad, Rodrigue compose ou arrange les répertoires bretons : « J’ai la chance d’être né avec une très bonne oreille, j’ai donc des facilités pour retranscrire la musique». A leur arrivée à Lille en 2002, Rodrigue et sa femme ont naturellement rejoint l’association pour jouer en couple de la bombarde : « L’amour de la musique et de la Bretagne nous a réunis avec ma femme. »
Le croisement entre le Breton et le Ch’ti est très festif et forcément exponentiel
Musiciens incontournables des festoù noz* ou animateurs chez les particuliers, Les Bretons du Nord fêteront leurs 100 ans en 2025 .
« A sa création, l’association était destinée à être un phare pour les exilés de Bretagne venus dans le Nord travailler dans les mines ou les usines. »
L’association reste attachée à ses valeurs d’origine d’entraide et d’ouverture : « On prend le temps qu’il faut pour former les élèves. On tient à ce que chacun aille à son rythme, avec sa bonne volonté, et qu’il prenne du plaisir ». Avec une cotisation annuelle de 25 euros, le but n’est pas de créer des fonds mais d’attirer les gens, insiste Rodrigue.
Les Bretons du Nord, c’est bien plus qu’un rendez-vous musical hebdomadaire. C’est aussi des rencontres et du partage : « Le croisement entre le Breton et le Ch’ti est très festif et forcément exponentiel. La musique m’a amené à l’association, mais ce n’est pas la musique qui m’y fait rester ». Être adhérent, c’est promouvoir les cultures de deux régions aux fortes identités : « On ne quitte jamais l’association, au contraire, on en devient ambassadeur. »
Petit lexique bretonnant
-Le ou la Billig est une plaque épaisse, circulaire, en fonte, d’une quarantaine de centimètre de diamètre, utilisée en cuisine bretonne pour faire cuire les crêpes et les galettes. -La bombarde est un instrument de musique à vent de la famille des hautbois, employée dans la musique bretonne. Son nom provient du latin bombus, qui signifie bourdonnement ou bruit sourd. -Festou noz , pluriel de fest-noz, est un mot breton qui signifie fête de nuit, par opposition au fest-deiz pour fête de jour. Le penn-soner est le chef d’orchestre des sonneurs de bombarde, de cornemuse, et des percussions. Un bagad est un ensemble musical de type orchestre, interprétant des airs le plus souvent issus du répertoire traditionnel breton