Stephen Shames, photographe américain engagé, a été accueilli à la Maison Folie Moulins, à Lille, vendredi 28 septembre à l’occasion du vernissage de son exposition Power to the People. Il nous plonge dans les années 60 avec des images témoignant du combat des Blacks Panthers aux Etats-unis.
‘’Un témoignage historique’’ : voilà ce qu’en dit le directeur du lieu d’exposition. Stephen Shames précise tout de même qu’à l’époque où il réalisait ces photos, il ne pensait pas encore à l’impact historique qu’elles pourraient avoir un jour : ‘’Je n’avais que vingt ans, je vivais simplement l’instant présent’’, explique-t-il. Voilà pourquoi ces photos sont si prégnantes. Pris dans le vif de l’action, ces clichés font ressentir toute l’humanité et la force de vivre des Blacks Panthers.
Rien ne vaut l’histoire que lorsqu’elle est racontée par ceux qui l’ont intimement vécue. Les photos en disent long sur cette démarche d’hommes et de femmes de toutes origines, c’est pourquoi pendant longtemps, Stephen Shames s’est vu censurer par les autorités supérieures des Etats-Unis. Les Blaks Panthers étaient LA menace du gouvernement des sixties aux USA.
Il brise les a priori.
Les Blacks Panthers, c’était l’ organisation qui combattait pour l’émancipation du peuple noir américain et des minorités. L’artiste, ami de Bobby Seale, un des fondateurs des Blacks Panthers, les a suivis pendant sept ans.
Leur courage ne se résume pas en une sorte de rébellion brouillon, désorganisée et simplement faite de haine. C’est là un des points que Stephen Shames a décidé de souligner. Il brise les a priori en classant ses photos en cinq catégories : 1. Diriger, 2. Rassembler, 3. Lutter, 4. Communiquer, 5. Protéger. Les Blacks Panthers agissaient tout en respectant les lois du pays. Stephen Shames nous le rappelle, « c’est dans la communauté que le changement commence ! Si nous en sommes capable, pourquoi pas le gouvernement ? ». Un véritable parti politique qui était par ailleurs reconnu et soutenu par l’extrême gauche française de l’époque.
Des photos utiles pour devenir peut-être moins con !
Le photographe en parle avec nostalgie et tendresse, rappelle que le combat des Blacks Panthers était un combat multiracial et universel mais pas seulement… Ce combat concerne tous ceux qui veulent faire bouger les choses. Encore aujourd’hui, les inégalités persistent à travers le monde, et c’est ce cri qui est lancé à travers cette exposition. François-Cheval, co-commissaire de l’expo, l’affirmait courageusement dans son discours vendredi soir : «ce sont des photos utiles pour devenir peut-être moins con ! ». Apostrophe applaudie et même saluée par un ou deux poings fièrement levés dans l’assemblée.
Lors de l’inauguration, un atelier de sérigraphie était proposé afin de pouvoir arborer la punch line de l’exposition et donner le pouvoir aux gens. Aujourd’hui, l’auteur des photos a confié être ravi de pouvoir exposer dans le ravissant lieu de Maison Folie Moulins. Vous pourrez y faire un tour jusqu’au 6 janvier. L’accès à l’exposition reste libre et gratuit ainsi que l’accès à la salle de diffusion du film-documentaire, the blacks panthers : Vanguard of the revolution, comportant une centaine de clichés de Stephen Shames.