Paris-Roubaix se conjugue au pluriel

C’est la course que tous les fans de cyclisme attendent au mois d’avril. Depuis 1896, date de sa première édition, Paris-Roubaix s’est érigé en mythe. Et cela fait trois ans que les femmes se sont invitées à la fête. Une vitrine magnifique pour le sport féminin. Benjamin Didou, stagiaire assistant manager au sein du Team Stade Rochelais Charente-Maritime, revient pour Circonflex Mag sur l’engouement que peut engendrer une telle épreuve.

Circonflex Mag : Aujourd’hui, de quelle façon s’organise le développement du cyclisme féminin ?

Benjamin Didou : Le cyclisme féminin se développe en France avec la création d’équipes cyclistes féminines amateures, mais surtout professionnelles. Les équipes masculines créent le plus souvent leur déclinaison féminine. Au Stade Rochelais Charente-Maritime, l’équipe des filles est pro depuis 2019.

C.M : La féminisation des grandes courses – Tour de France, Paris-Roubaix ou en encore l’Amstel Gold Race- participe-t-elle à la diffusion du cyclisme féminin auprès du grand public ?

B.D : Depuis plusieurs années, des grands monuments du cyclisme se déclinent en version féminine. Je pense par exemple à la Flèche Wallonne, course à laquelle notre équipe a déjà participé. Il manquait le Paris-Roubaix et surtout le Tour de France pour crédibiliser plus encore le cyclisme féminin. Deux épreuves mythiques qui parlent même aux non connaisseurs. Ça, c’est fait ! Résultat : les course féminines suscitent un engouement de plus en plus prononcé. Il n’y a qu’à voir les spectateurs au bord des routes qui sont de plus en plus nombreux. Sans parler des télespectateurs : ils étaient jusqu’à 5 millions devant l’écran à suivre la dernière étape du Tour de France Femmes.

C.M : 100 km pour l’édition inaugurale, 125 km l’année dernière, 145 km pour le 3e Paris-Roubaix féminin. Finalement, les femmes ne veulent-elles pas montrer qu’elles peuvent atteindre le même niveau que les hommes ?

B.D : Pour moi, ce n’est pas la distance qui donne un niveau de mérite. On le voit sur le Tour de France masculin : les étapes de montagne en format court, trois cols en 100 km, sont celles qui assurent le plus de spectacle. Que ce soit chez les hommes ou les femmes, la bagarre se déclenche très souvent dans le dernier quart de la course.
« Nous préparons comme les hommes cette épreuve »

C.M : Quels sont les objectifs de votre équipe pour ce Paris-Roubaix ?

B.D : Nous y participons pour la troisième fois en tant qu’équipe invitée par Amaury Sport Organisation, la société organisatrice de l’événement. Les coureuses vont donner le meilleur d’elles-mêmes. Bien sur, jouer les tout premiers rôles serait un aboutissement ! Sur cet enfer du Nord, nous allons tout faire pour mettre en valeur notre maillot avec courage et dépassement de soi.

C.M : Avez-vous les moyens de faire une préparation semblable à celle des hommes ?

B.D : Nous préparons cette épreuve comme le font les hommes, avec des entraînements adaptés. Nous avons également des courses de préparation et bien sur, des stages sur les secteurs pavés !

C.M : Quand on parle de sport féminin, il y a toujours des personnes pour sortir quelques clichés stéréotypés ou faire des remarques sexistes. Qu’est-ce que vous pouvez leur dire pour leur donner envie d’allumer leur télévision ou d’aller encourager les coureuses sur le bord des routes ?

B.D : Tous ceux qui font du vélo savent que c’est un sport ingrat, très dur et qui demande beaucoup de sacrifices. Que l’on soit un homme ou une femme. Ceux qui émettent des critiques, je les encourage à monter sur un vélo et à faire comme elles au quotidien. Personnellement, je trouve les courses des filles plus débridées que celles des hommes, avec moins de contrôle et plus de spontanéité.

La 3e édition du Paris-Roubaix féminin s’élancera dans la commune de Denain, le samedi 8 avril à 13h35. La course sera retransmise à partir de 15h25 sur les antennes de France Télévisions.

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