«Parce que c’est dans le Nord qu’on rit le plus fort…»

Après Série Mania et Série comédie, la MEL et la ville se sont lancées un nouveau défi : délocaliser Montreux à Lille. Du 1er au 5 février, Lillarious a pris ses aises dans la capitale des Flandres. Le petit frère du Montreux festival et son producteur Grégoire Furrer donnent un coup de pied au Covid et offrent une escape délirante au public. L’équipe de Circonflex est allée y faire un tour. Autant vous dire qu’elle n’a pas été déçue !  

Notre voyage à travers l’humour débute à la Grande Conférence le mercredi 2 février dans les locaux d’Euratechnologie. Nous sommes accueillis par Grégoire Furrer, producteur du Montreux Festival. Tout de suite, on lui pose LA question : pourquoi Lille ? « C’est une ville que j’ai toujours appréciée. Le public y est adorable et il y a une grande richesse d’infrastructures. Ma rencontre avec Xavier Bertrand a créé une belle étincelle, j’ai su que c’était ici que je devais faire naître le petit frère de Montreux. » explique-t-il. Il est vrai que président des Hauts-de-France a tout de suite adhéré au projet – débloquant par ailleurs la coquette somme de 400 000 euros. Il était là lors de la conférence inaugurale du Festival : « J’ai un scoop, a-t-il déclaré. On a décidé de créer un parti, le parti d’en rire ». 

« Je reprends le pari de créer un nouveau festival, c’est risqué, mais ça marche encore. »

Le public et les journalistes s’installent et la magie opère. Grégoire Furrer monte sur scène et ouvre la cérémonie : « Je suis ému de vous présenter mon nouveau festival, 32 ans après Montreux. D’autant plus ému que le premier festival que j’ai organisé s’est aussi déroulé pendant une crise mondiale : la guerre du Golfe. On m’a dit que c’était risqué, mais on l’a fait et cela a marché Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire, je reprends le pari de créer un nouveau festival, c’est toujours risqué, mais ça marche encore, et je suis le plus heureux. »

« De porte en porte, cela permettra de faire rire la terre entière. »

Il est temps, après quelques mots des officiels, de s’attarder sur le sujet de la conférence :« L’humour peut-il sauver le monde ? »  Des artistes, des spécialistes, des chercheurs sont venus pour exposer leur point de vue sur le thème du jour. Roukiata Ouedraogo, humoriste et chroniqueuse originaire du Burkina Faso, a sa petite idée sur la question : « Certaines situations peuvent être sauvées par l’humour -les relations de voisinage notamment-, d’autres choses non. On n’élimine pas le terrorisme par l’humour… Mais je me dis que faire rire son voisinage, c’est un début : de porte en porte, cela permettra de faire rire la terre entière. »

Le discours de Clément Viktorovitch, docteur en sciences politiques et professeur de rhétorique à Sciences Po, est plus nuancé : « L’humour peut sauver certes, mais aussi détruire. En rhétorique, on s’en sert comme d’une arme pour convaincre, dans la confrontation. Mais l’humour est aussi une arme qui désarme, il permet de se sortir d’une mauvaise situation ». D’un point de vue général, la majorité des spécialistes du rire présents ce soir là partageaient la même certitude : OUI, le plus souvent, l’humour peut sauver le monde…

« Les sourires… Ça vaut tout l’or du monde »

On a donc voulu rencontrer ces super-héros qui pourront peut-être sauver l’humanité… Pour ce faire, on a filé au Nouveau Siècle pour assister au gala Stand-Up in the Rain, présenté par Gérémy Credeville et Guillermo Guiz. Et là, bonheur ! Des humoristes de France, de Belgique, et même du Canada sont venus faire profiter de leur talent le public de Lillarious. Ils ont abordé tous les sujets. On a parlé de l’allaitement avec Antonia De Redingé. Roman Frayssinet a disserté joyeusement sur l’épineuse question du physique. Geremy Credeville, n’a pas dérogé à son habitude, et a entonné une chansonnette à la gloire de la beaufferie. Quand à Dan Gagnon, il a fait se tordre de rire la salle toute entière en dissertant sur l’alcoolisme.  

Lillarious avait comme ambition, selon les représentants de la MEL, « d’inspirer, d’innover, de réunir les publics pour parler de l’humour et rire ensemble ». Pari réussi. Pour conclure, on laissera la parole à Bill François, chercheur et grand prix d’éloquence : « Tant qu’il y a l’humour, on peut au moins sauver les sourires, si précieux, de tous les gens. Et ça, ça vaut tout l’or du monde. »