Durant la nuit du 7 au 8 mars, la ville de Lille a vu certaines de ses rues rebaptisées. C’est Le collectif féministe Place Égale qui est à l’origine de cette action symbolique à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, en ajoutant, sous les plaques de rues, de nouveaux noms qui mettent à l’honneur des figures féminines.
“Les femmes sont nombreuses à avoir mené des vies et des carrières inspirantes et novatrices. Pourtant, elles n’ont pas la même place honorifique que leurs confrères masculins dans l’espace public et dans notre imaginaire collectif.” Cette phrase, on peut la trouver sur le compte Instagram de Place Égale. Riche de ce constat, Maëlig, étudiante de 25 ans et fondatrice du collectif en janvier 2025, a décidé de mettre en œuvre une action coup de poing afin d’éveiller les consciences. Dans la nuit du 7 au 8 mars, le collectif a renommé, dans la métropole, 344 rues portant des noms d’hommes avec des noms de femmes qui ont marqué l’histoire.
À travers cette action symbolique, Place Égale a pour objectif d’interpeller les consciences sur l’invisibilisation des femmes dans l’espace public. A Lille – mais aussi dans de nombreuses villes françaises, comme Auray, Chalon-sur-Saône ou encore Tours- cette initiative a été prise afin de pointer du doigt la grande majorité des rues portant des noms masculins, et qui laissent peu de place aux figures féminines.
Sur Instagram, le collectif a partagé des communiqués de presse pour expliquer son action et pour donner des chiffres susceptibles de nous faire réfléchir : seul 4,3% des rues de Lille porteraient des noms de femmes. Contre 53,6% pour les hommes.
De la colle de farine
Maëlig tient à détailler cette première action : « Nous avons d’abord dénombré toutes les rue de Lille portant des noms d’hommes. Nous nous sommes ensuite renseignées sur la vie de ces messieurs afin de trouver une alternative avec des femmes qui fassent à peu près le même métier ou qui aient vécu à la même époque. Nous avons également veillé à ce que nos choix soient les plus larges possible, pour que ces femmes soient de tous les bords politiques. »1 500 affiches ont alors été imprimées pour les 344 rues. Place à Betty Davis, célèbre chanteuse américaine de Soul. Élisa Deroche, actrice et aviatrice française. Ou encore Ève Curie, pianiste, femme de lettre, journaliste et diplomate française.
Les colleuses ont accordé une importance toute particulière à l’aspect technique de leur action, pour respecter l’espace public et éviter toute détérioration. “Nous avons mis en place les affiches à l’aide de colle de farine, afin que cette initiative ne vienne en aucun cas dégrader les bâtiments”, souligne Maëlig. Cette précaution reflète la volonté du collectif de mener une action engagée en évitant toute controverse liée à une éventuelle dégradation.
Un impact durable
Place Égale explique que cette démarche ne vise pas seulement à symboliser une revendication, mais aussi à encourager les autorités locales à prendre des mesures concrètes pour féminiser les noms de rues. Car si certains élus commencent à prendre conscience de cet état de fait, le chemin reste encore long pour parvenir à une véritable égalité.
Pour Place Égale, l’objectif, à long terme, est désormais de continuer à mettre à l’honneur les femmes sur leur compte Instagram. Mais surtout d’institutionaliser la démarche afin qu’elle ait un impact durable, en lançant des pétitions pour pouvoir, enfin, renommer officiellement les rues.
Et vous, votre nom de rue a-t-il changé dans la nuit du 7 au 8 mars ?