Les Lillois dans la rue contre Zemmour

Samedi 5 février : jour de manifestation contre la venue d’Eric Zemmour dans la capitale des Flandres. Une mobilisation lancée par le collectif SOS Racisme et relayée par la mairie de Lille.

Il est 11 heures, nous arrivons place de la République. Aux alentours, des rangées de camions policier se tiennent prêtes. Dans l’air l’atmosphère est assez paisible, contrairement à ce que l’on pouvait penser. On distingue peu à peu une masse de manifestants avec des drapeaux d’horizons différents mais avec un même but : faire barrage à Éric Zemmour.

Un brouhaha commence à se dégager de cette foule et à arriver jusqu’à nos oreilles.  Une voie familière surplombe l’agitation et nous fait accélérer le pas. Au micro, Martine Aubry. La maire socialiste de Lille, était présente aux cotés de SOS Racisme. « Il ne faut pas faire venir des discours sur le racisme, l’antisémitisme que nous ne pouvons pas accepter. Mais surtout attaquer, tous les jours, les noirs et les arabes qui seraient responsables de tout ce qui va mal dans notre pays ! » scande-t-elle.

Prévue depuis quelques jours la manifestation rassemble une centaine de personnes. Militants engagés, citoyens lambda, écologistes et même les antivax. Nombreuses sont les revendications aujourd’hui. A l’image de ce manifestant, venu pour soutenir l’action contre l’ancien journaliste mais également pour dénoncer la politique du gouvernement concernant le pass vaccinal.

« Je suis venue défendre nos droits face au vaccin. Mais dire aussi qu’il y a un problème avec la politique de zemmour. C’est la défense de la laïcité qui est en jeux ! »

« Ils font partie du capitalisme de la haine »

Nous rencontrons Safia entre deux prises de paroles. A l’initiative de ce mouvement la vice-présidente de SOS Racisme nous fait part de sa résistance contre l’extrême droite.

« Si on n’est pas là pour résister, qu’on détourne le regard parce qu’on est mal à l’aise face au racisme de ce monsieur, personne ne sera là pour manifester ! »

Elle revient ensuite sur l’action menée par son association à Villepinte. Lors du meeting du candidat à la présidentielle, des membres de l’association s’étaient levés. Et sur leur tee-shirt, un message formant “non au racisme”. Une manifestation qui avait causé des violences avec les militants d’extrême-droite ce jour-là.

« L’objectif était de montrer le vrai visage de Zemmour et de ses soutiens, à une période où les médias et les politiques étaient dans le dénis total et étaient en train de normaliser ses idées » nous explique-t-elle.

Accusée par certains journalistes de vouloir censurer l’ancien polémiste et d’être contre la liberté d’expression, Safia dénonce des médias mainstream comme Cnews, qu’elle accuse d’avoir accueilli Zemmour tous les jours avec peu de contradictions en face de lui. « Ils font partie du capitalisme de la haine c’est-à-dire tout ce qui est haineux et ce qui peut faire polémique est bon à l’exploitation. » Pour la vice-présidente de SOS Racisme, la liberté de parole dans son émission aurait poussé des personnes à raisonner comme lui.

« Si vous saviez tous les témoignages que l’on reçoit, des personnes victimes de discriminations ou d’agressions raciales parce que l’ambiance aujourd’hui politique et médiatique est mortifère c’est absolument délirant ! »

« Je l’ai vu agresser une dame car elle portait un voile »

Les interventions cessent et une immense vague de journalistes se rue sur Martine Aubry pour l’interviewer. Dans le même temps démarre « la Boulette », une chanson de Diam’s, un hymne souvent repris par les manifestations de jeunes -.

Et à quelques mètres de nous, se forme un petit groupe de débat. Elodie, lilloise est venue avec sa maman et son compagnon. En face d’eux un homme portant une pancarte : « Oui à la laïcité mais non aux signes religieux. Ni croix, ni voile, ni kippa ».

La laïcité est au cœur des discussions. « Nous n’en avons pas la même définition » s’exclame la Lilloise. « Il dit ne pas être pour Zemmour mais sa pancarte c’est un point commun avec lui ! Soit il s’est planté de manif soit il est venu pour créer des problèmes. Je l’ai vu agresser une dame car elle portait un voile donc j’étais obligé d’intervenir (…) ce monsieur n’a rien à faire ici ! »

L’échange en restera là. Mais l’homme à la pancarte martèlera qu’il n’était pas un soutien de Zemmour.

Maire de Faches-Thumesnil et un militant de la France Insoumise

« Ce mec fracture beaucoup trop, il dit tellement de bêtises »

Il est 12h30, le rassemblement touche à sa fin. Autour de nous plusieurs écharpes bleu, blanc, rouge discutent. Nous décidons d’aller à la rencontre d’un de ces maires. Face à nous, Patrick Proisy, maire Insoumis de Faches-Thumesnil. A ses côtés, portant fièrement le drapeau du parti de Jean-Luc Mélenchon, Nicolas.

Selon lui, le candidat d’extrême droite n’arrivera pas à la tête du pays : « Ce mec fracture beaucoup trop, il dit tellement de bêtises, je ne vois pas la société française lui filer les rênes du pays. Remarquez… aux Etats Unis c’est arrivé » nous dit-il en riant.

Un quart d’heure plus tard, la place de la République était vide, avec aucun trouble signalé. Les militants se sont ensuite dirigés aux abords de Lille Grand Palais, où des heurts ont éclaté entre policiers et manifestants, et plusieurs interpellations ont eu lieu.