Confinements, problèmes financiers, cours à distance… l’année 2020 a été une année difficile pour tout le monde …mais surtout pour les étudiants. Circonflex Mag a rencontré Faustine, Luna, Aymeric et Lena, étudiants lillois et leur a demandé le top 3 de ce qui avait bouleversé leurs habitudes.
- La fermeture des bars
« Après les cours, on allait prendre un verre en terrasse pour décompresser. Maintenant on rentre des cours –quand on avait cours !- et c’est direct chez nous », raconte Aymeric, 22 ans. A l’unanimité, la fermeture des bars et des cafés arrivent en tête du palmarès. « Gérer l’envie de sortir malgré le couvre-feu, c’est très compliqué », nous dit Lena, une étudiante en troisième année à l’ESJ. Elle poursuit : « nos priorités ont changé. Je ne sais plus quoi inventer pour voir du monde. Résultat : je reste tout le temps avec les même personnes ».
Les années étudiantes sont les meilleures ? Il faut en profiter ? Raté ! Vie étudiante rime avec soirées, apéro, bar ? En 2020, elle rime plutôt avec confinement, emprisonnement et couvre-feu…Un couvre-feu qui ne les arrête pas tous. Pour Faustine, 20 ans, cette mesure n’est pas un obstacle. « Un compte Facebook a été créé avec pour seul but de signaler où se trouve la police dans Lille. Il est mis à jour toutes les deux minutes, donc je sais un peu près quelles rues prendre et celles qu’il faut éviter… ».
- Le retour au domicile familial : pratique mais pas simple
Ils sont nombreux à être repartis chez leurs parents. « On est en train de perdre espoir… je pense qu’on ne va pas reprendre en présentiel cette année », déplore Léna. Tandis que certains restent dans leur logement étudiant, malgré tout, en espérant un miracle, la majorité d’entre eux a préféré rendre son studio et rentrer chez ses parents. Etudiante en troisième année de droit, Faustine nous raconte : « j’ai choisi de rendre mon appart. Je paie 400 euros par mois et j’ai l’impression que l’argent part dans le vent. Ça ne sert à rien de garder mon studio si on ne reprend pas la fac. Je peux très bien suivre les cours à distance chez mes parents. Ici, seule, ça devenait compliqué, niveau moral …»
Certains n’ont pas eu le choix. C’est le cas de Léna : « mes parents ont des problèmes financiers, c’est logique de rendre mon appart si je ne l’utilise pas ». Et si les cours reprennent subitement ? « Alors, je reviendrai à Lille et je dormirai chez une amie le temps de finir les cours. Bon, vu la situation, il est peu probable qu’on retourne en présentiel ». Mais réintégrer le domicile familial, c’est un choc pour certains. « J’ai perdu l’habitude de vivre en groupe…je dois respecter certaines règles et c’est compliqué. C’est du n’importe quoi, cette situation », nous raconte Aymeric.
- Apprendre via Zoom
Avec les universités fermées, les étudiants sont forcés d’être en distanciel depuis pratiquement 1 an. Une situation qui ne convient pas à tout le monde. Selon une étude de la Fédération des associations étudiantes, réalisée en novembre 2020, « 73% des jeunes déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique et 23% d’entre eux disent avoir déjà eu des idées suicidaires ». « Pendant le 1er confinement, c’était amusant. C’était le printemps, il faisait beau. On n’avait jamais connu ça avant. Mais maintenant, ce n’est pas la même chose, constate Lena. J’ai l’impression que les professeurs décrochent aussi, ils en ont marre, tout comme nous. Et puis, voir ses profs seulement par le biais d’une caméra, ça expliquer vraiment le manque de motivation de pas mal d’entre nous. ».
« Depuis le début de la pandémie, on est devant nos ordis matin, midi et soir… J’ai dû me faire prescrire des lunettes, regrette Aymeric. J’ai l’impression que les études ont perdu leur sens ».
Il y a tout de même des petits avantages. Certains ne le cachent pas, ils reconnaissent qu’ils en ont profité …pour tricher durant leurs examens … X* le reconnaît volontiers : « Pendant mon oral d’actualité, j’avais mes fiches à côté et mon téléphone pour aller chercher des infos. Les profs n’ont rien vu ». X poursuit : « On fait porter aux étudiants la responsabilité de faire circuler le virus ? Et bien moi, je profite de cette situation pour réussir mon année !».
Crainte d’avoir des études sans grande valeur, un diplôme déprécié, et être au chômage directement en sortant des études : les étudiants ont peur du futur …tout en essayant de faire de leur mieux dans le présent.
Eve Mac Guardian
* X, Pour des raisons que vous comprendrez…