Le 9, rue Princesse à Lille avait fermé ses portes aux visiteurs le 4 novembre 2019 pour cause de travaux d’envergure. Après de long mois de chantier et un travail d’orfèvre, la maison natale de Charles de Gaulle devrait de nouveau accueillir les visiteurs dès que l’allègement des mesures sanitaires le permettra. Un groupe d’artisans, artistes, et architectes s’est lancé dans un projet des plus impressionnants. L’objectif ? Réhabiliter les pièces de vie, façades et décors d’époque de la manière la plus fidèle possible, comme les a connus De Gaulle il y a 130 ans.
La réouverture de la maison était normalement prévue le 22 novembre dernier, à l’occasion de la 130e année de la naissance de Charles de Gaulle. Les confinements n’ont pas empêché les travaux de se poursuivre. Mais les restrictions gouvernementales n’autorisant pas les musées à ouvrir au public, les curieux devront attendre encore un peu. Ce riche lieu de mémoire et d’histoire classé Monument historique est administré par le Département du Nord depuis 2014. C’est d’ailleurs grâce à ce conseil et avec l’aide de dons de particuliers que le projet a pu voir le jour et être financé. La demeure fait partie du label Maisons des Illustres depuis 2011. Ce bel hôtel bourgeois légué à la Fondation Charles-De-Gaulle a ouvert ses portes au public pour la première fois en 1983. Pour la petite anecdote, le général n’y a jamais vraiment habité. Il y est né le 22 novembre 1890. Il a ensuite quitté sa maison natale pour Paris alors qu’il n’était âgé que de quelques mois. Quoi qu’il en soit, selon « ses dires », cette maison constituait le lieu dans lequel De Gaulle « se reconnaissait le plus ». C’est donc une maison à laquelle il est resté attaché toute sa vie, en référence à son enfance. Il s’y est rendu régulièrement de 1890 à 1912, année de décès de sa grande mère.
Restaurer la maison le plus fidèlement possible
Il y a un peu plus d’un an, le Département du Nord décidait donc de se lancer dans un projet colossal : restituer la maison telle qu’elle était à l’époque du grand Charles. Sa volonté première ? Lui redonner toute son authenticité. La première partie des travaux a concerné la structure de la demeure ainsi que ses façades, afin d’accueillir le public en toute sécurité. La campagne de travaux a ensuite concerné la réhabilitation des neuf pièces qui composent la maison. Dirigée par l’architecte Etienne Poncelet, c’est en s’inspirant de vestiges retrouvés qu’une grande équipe d’architectes et artisans se sont efforcés de restaurer la maison le plus fidèlement possible. Cette rénovation a été possible grâce à la découverte de décors et objets qui appartenaient à la famille, dans des placards cachés par exemple. Ainsi, dans l’alcôve d’une chambre ont été trouvés des bouts de papiers peints, qui ont ensuite été reproduits sur des pochoirs par l’atelier français d’Offard à Tours. Les murs des pièces ont donc tous été refaits à l’identique.
Le berceau du général
Des bouts de céramique, ainsi qu’une chemise cachée ont aussi été découverts. Les artisans ont aussi déniché des effets personnels comme de la lingerie, venant s’ajouter à la collection de portraits de famille, au berceau du Général ainsi qu’à sa robe de baptême. Ces vestiges du temps, témoins de la vie domestique de la famille De Gaulle ne sont certes plus fonctionnels aujourd’hui mais marquent l’époque de l’Homme du 18 juin. Des témoignages de la famille ainsi que des recherches scientifiques et historiques ont aussi permis aux architectes de fignoler les travaux. C’est le cas pour une des pièces favorites des visiteurs et typiques des maisons du nord du XVIIIe siècle. La véranda a été reconstruite à l’identique. Toute la structure en fer du jardin d’hiver a été refaite, en se basant sur des photographies de famille de la fratrie De Gaulle qui posait devant la véranda. Des témoignages d’anciens architectes de la structure d’origine de la maison ont aussi été récoltés et utilisés pour parfaire cette pièce.
Un lieu chargé d’histoire
Les neuf pièces de la maison, toutes réaménagées, permettent aux visiteurs de se plonger dans l’ambiance d’une maison bourgeoise datant du XVIIIe siècle. C’est un lieu chargé d’Histoire dans lequel un des symboles de la Résistance française a forgé ses plus grandes certitudes, qui l’auront guidé toute sa vie. Le travail effectué est monumental et d’une extrême minutie. C’est comme si l’on avait remonté le temps, et que pour la première fois depuis son ouverture, la maison était comme celle que le Général a connu étant enfant.