« Mon seul et unique objectif était de battre le record de mon coach ». Hugo Menin, entrainé par Éric Chauchoy, a commencé très tôt à se mettre des objectifs. Aujourd’hui, à 24ans, il est membre de l’équipe de France d’athlétisme sur le 400m haies. Son parcours débute dans le Nord, près de Villeneuve d’Ascq et prend un tournant en 2022. Il intègre une université au Texas pour maximiser sa progression et ses performances. Actuellement, il s’entraîne au pôle France de Nantes. Il a enchainé les bons résultats, notamment ses podiums en championnats nationaux et sa victoire lors des Championnats méditerranéens en 2022. Il revient avec nous sur les choix de vie qu’il a du faire et qui l’ont rendu « différent » des autres étudiants de son âge.
Quels aspects de la vie étudiante t’ont le plus manqué pendant tes années d’entraînement intensif ?
« J’aurai aimé passer plus de temps avec ma famille. En vacances, à l’occasion des anniversaires… Cela m’affecte encore actuellement. Ne pas pouvoir être présent au quotidien avec eux me fait de la peine mais, au moins, on profite d’autant plus quand on se retrouve. Petit, j’adorais les activités à risque comme le snowboard ou le skateboard. Depuis que j’ai commencé l’athlétisme, les risques de blessure me font peur donc j’ai dû arrêter ce type d’activité. Je ressens parfois le manque de ces sensations. En revanche, si tous les étudiants de mon âge allaient en soirée, je n’ai jamais réellement été intéressé par ce genre d’évènements. Je considère en avoir largement profité un peu plus tôt dans ma vie »
As-tu déjà eu le sentiment de devoir “justifier” tes choix sportifs face à des gens qui ne comprenaient pas tes contraintes ?
« Beaucoup considèrent ma vie comme un enchaînement de sacrifices. Moi, je les vois comme des choix. J’aime ces choix et j’en suis fier. Ma famille a eu du mal à comprendre, au début, pourquoi je donnais autant d’importance à mon hygiène de vie. Ils voyaient ça comme de la privation. Mais si ce choix est réfléchi et qu’il a du sens, il n’y a pas de problème. C’est grâce à ma qualification à la Diamond League de cette année et aux championnats d’Europe par équipe que ma famille a vraiment compris mon investissement. Peut-être parce que j’ai toujours essayé de dissocier au maximum ma famille de mes résultats en athlétisme. Je veux qu’ils voient d’abord la personne que je suis et non mes podiums. Ma grand-mère sait simplement que quand je lui ramène des fleurs du podium, c’est que j’ai bien couru.
J’ai des amitiés aux quatre coins du monde
Et face à tes potes ?
Le jugement s’est aussi fait ressentir avec les jeunes de mon âge. J’ai entendu des millions de fois la phrase : « il faut profiter ». Mais un verre de soda ou une soirée alcoolisée n’égaleront jamais le plaisir ressenti lors d’une sélection en équipe de France. »
Comment gères-tu les amitiés ? Tu es moins disponible que les autres.
« Je sais que mes amitiés et mes relations les plus fortes resteront, peu importe la durée ni la raison de mon absence. Je préfère avoir peu d’amis mais ne pas douter de leur soutien ou de leur présence. Et je me rends compte que j’ai des amitiés aux quatre coins du monde. Ces relations m’ont permis de forger mon caractère et de développer des connaissances dans les différentes cultures.
En plus, j’ai besoin, peut-être plus que d’autres, de moments de solitude. C’est ma personnalité. J’ai mes partenaires d’entraînement qui sont mes amis. J’ai ma famille et je n’ai pas besoin de plus. »
Accomplir tous mes rêves
Comment vois-tu la suite de ta vie, avec ce décalage par rapport aux jeunes de ton âge ?
« C’est vrai que voir ses amis se marier, avoir une maison ou même travailler peut être angoissant. Mais je suis très heureux de ma vie en ce moment. Pour rien au monde, je ne la changerai pour « rentrer dans les codes ». Je veux m’investir pleinement dans mes rêves et je pense que c’est une chance de vivre tout ce que je vis depuis plusieurs années. Quand je me lève, je n’ai qu’une chose à penser : comment vais-je pouvoir m’améliorer aujourd’hui ? Quand on y pense, c’est très enfantin comme réflexion mais je compte bien garder longtemps ce décalage par rapport aux autres s’il me permet d’accomplir tous mes rêves.
*Hugo Menin est sponsorisé par hey-basilou sur Instagram
Mila Demont


