Forum international de la cybersécurité : le paradoxe de l’évènement.

Le mois de mars a été marqué par une attaque informatique visant la ville de Lille, et mettant en évidence les enjeux de la cybersécurité dans notre société. C’est dans ce contexte que s’est tenu le Forum international de la cybersécurité au Grand Palais à Lille, qui réunissait des entreprises pour échanger sur les dernières tendances et innovations dans ce domaine crucial. A cette occasion, Circonflex Mag a rencontré Pierre Oger, co-fondateur de Egerie, une entreprise spécialisée dans les risques cyber.

« Des cyberattaques, il y en a tous les jours. », s’exclame un représentant du ministère de la Défense présent au Forum. Depuis le début du mois de mars, la mairie de Lille connait des difficultés à rebondir après l’attaque subie sur les serveurs de la ville. La municipalité a été amputée d’une partie de ses services informatiques, à l’instar de ses messageries professionnelles qui ont été bloquées. Piscines, zoo, musées … ont été privés de caisses informatisées. Une attaque parmi tant d’autres pour les institutions publiques. En effet, selon un rapport de l’ENISA (Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité), environ 24% des cyber menaces commises en 2022 ont touché des organisations publiques. « Je viens d’apprendre que la ville de Lille a subi une attaque, et je ne suis pas vraiment surpris », réagit Pierre Oger, co-fondateur d’Egeri, spécialisé dans les risques cyber. La première motivation de ces génies du web , c’est l’argent. Ils vendent des informations. Ils cherchent également à déstabiliser, à nuire pour ensuite demander une rançon ».

2 % des données de la municipalité ont été volées

En s’attaquant à la marie de Lille, les hackeurs ont réussi à bouleverser toute une organisation, indispensable au bon fonctionnement de la ville. Selon la mairie, au moins 2% des données de la municipalité ont été volées. La mairie appelle donc à une vigilance accrue de la part des habitants. « La première chose à faire pour protéger » ses données, c’est de ne pas les distribuer partout. On est responsable des infos qu’on met sur internet, d’autant plus que leur protection est limitée. Ça veut dire qu’on fait confiance à des gens qu’on ne connait pas . C’est ça, le fond du problème », explique Pierre Oger. Selon, lui les internautes doivent porter une attention assidue à leurs pratiques en ligne, chose à laquelle ils ne sont pas encore habitués. L’entrepreneur en est persuadé, « il faut éduquer les utilisateurs à être vigilants dans leurs interactions avec le monde numérique, au même titre qu’on nous apprend à nous brosser les dents le matin et le soir ». Pour illustrer cette nécessaire vigilance, il donne l’exemple des mails frauduleux : un mail provenant d’un destinataire inconnu et comportant des fautes d’orthographes – « ce qu’il qualifie de signaux faibles » représente un risque. Aujourd’hui, le monde numérique a pris une place prépondérante, et les risques de piratage ont augmenté en conséquence.« Avant, il fallait prendre son courage à deux mains pour braquer une banque. Aujourd’hui, tu n’as même plus besoin de te déplacer, tu fais tout sans quitter ta chambre, en étant complètement déconnecté de la réalité ».

« 60% des PME victimes de hackers ont arrêté leurs activités après s’être fait attaquées »

Dernièrement, la mairie de Lille a connue un nouvel incident qui fait suite à cette attaque : le 27 mars, 350 giga de données ont été publiées sur le darknet .Cela ne représenteraient que 10% des données volées selon les hackers. Protéger, répondre aux besoins des habitants … telles sont les missions de la mairie lilloise. Après cette attaque, c’est toute une partie de l’organisation de la ville qui doit être rebâtie pour rassurer ses résidents. Pierre Oger compare le cas de Lille à celui d’une entreprise : « 60% des PME victimes de hackers ont arrêté leurs activités après s’être fait attaquées. Evidemment que c’est dur ! C’est comme s’il fallait repartir de zéro ». Un impact réputationnel et économique que la métropole lilloise va devoir surmonter. Au contraire d’une entreprise, Lille ne peut pas s’arrêter et va devoir trouver les moyens adéquats pour assurer le plus rapidement possible un retour à la normale…