Yves, étudiant à Science Po Lille et représentant de l’UNEF Lille (Union Nationale des Étudiants de France), nous explique l’importance, pour lui et le syndicat étudiant, d’aller manifester le 19 janvier dans les rues de Lille.
Le 10 janvier dernier, la Première ministre a détaillé le contenu de la réforme des retraites. Certains points font débat, notamment le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite à partir de 2030. En réaction au contenu de ce projet de loi, plusieurs syndicats ont décidé de manifester et de faire grève à partir du jeudi 19 janvier, dont l’UNEF, le syndicat étudiant.
Yves explique que ce projet de loi est « une attaque frontale aux intérêts de la classe populaire et de la jeunesse ». « C’est un projet injuste ! » s’exclame -t-il. Pour lui,
« le gouvernement organise l’injustice sociale. On n’aura pas les mêmes droits que nos parents. Sans justice sociale, la démocratie n’a pas de sens ».
Il ajoute : « les couches les plus maltraitées de la société, actuellement, ce sont les jeunes, les étudiants. Ils paient les frais des politiques publiques catastrophiques de ce gouvernement. Comme s’ils n’existaient pas. Pourtant ce sont les jeunes qui seront durablement et fortement impactés par ce projet de loi. »
Une crise intergénérationnelle
Pour l’UNEF, la réforme est claire : en allongeant le départ légal à la retraite à 64 ans et le nombre d’annuités pour atteindre le taux plein à 43 ans, le gouvernement oblige la majorité des personnes à travailler plus longtemps. Yves juge l’argument de l’allongement de la durée de vie pour légitimer la réforme comme « non valable ». Il ajoute : « actuellement, l’espérance de vie en bonne santé en France est de 63,7 ans. Les jeunes entrant seront donc forcés d’aller à la retraite en mauvaise santé (selon pénibilité de l’emploi), en plus de cotiser toute leur vie. Ce sera la mort au travail et/ou la retraite à l’hôpital, ou pire le cimetière ».
Ce projet de loi implique, selon le syndicat, un recul de l’accès au premier emploi stable :
« sur le deuxième trimestre de 2022, le taux de chômage chez les jeunes est de 17,8% selon l’Insee. Il va augmenter à cause de la situation du marché de l’emploi. En effet, ceux qui travaillent actuellement vont prendre leur retraite plus tard et ne vont pas libérer leur place. De fait, à la sortie de l’école, les étudiants vont avoir beaucoup plus de difficultés à trouver une place sur le marché de l’emploi. La précarité va donc s’accentuer et les employeurs vont devenir de plus en plus exigeants sur les critères de recrutements. »Pour Yves, le résultat est clair : « cette réforme ouvre un grand boulevard à une crise intergénérationnelle ».
L’UNEF ne lâchera pas
C’est la première fois depuis 2010 que les cinq confédérations représentatives (CGT, CGC, FO, CFTC, CFDT) construisent une initiative commune. À l’époque, les manifestations avaient également pour objet la lutte contre la réforme des retraites. Elle reportait l’âge légal de 60 ans à 62 ans. Pour rappel, le mardi 12 octobre 2010, la manifestation avait mobilisé 3,5 millions de personnes selon la CGT.
En 2023, l’issue n’a pas changé: s’unir pour lutter. « On va mettre de côté les désaccords qui peuvent exister entre syndicats et on va manifester pour lutter ensemble contre ce projet de loi. C’est dans l’intérêt de la jeunesse, dans l’intérêt des Français. Donc l’UNEF ne lâchera pas ! »
L’objectif reste le même qu’il y a 13 ans : mobiliser. Cependant, L’UNEF reste conscient des préoccupations actuelles des étudiants : « sur le point opérationnel, nous sommes en période de partiels. Nous savons que cela complique l’action. Mais nous gardons espoir. »
Selon Yves, le réel problème, c’est l’exclusion des syndicats étudiants dans le débat. Il explique : « la jeunesse a été écartée du processus décisionnel. Le gouvernement devrait prendre en compte les vœux des jeunes dans la collaboration des politiques publiques grâce à des votes ou des assemblées ».
Multiplier les actions de sensibilisation
Pour l’instant, seules les manifestations du 19 et du 24 janvier et les appels à la grève de la part de plusieurs syndicats ont été annoncés officiellement à travers des communiqués. Yves nous éclaire sur les prochaines actions prévues :
« Nous sommes en train de nous mettre d’accord, avec les syndicats partenaires et des bureaux nationaux sur les prochaines actions à mener. Peut-être des signatures de pétitions par exemple. Si les manifestations devaient perdurer, elles se feraient sûrement devant les institutions et les personnalités publiques concernées. À Lille, ce sera au siège de la région et devant les sièges des partis politiques qui portent et défendent ce projet de loi. »
Yves nous explique qu’en parallèle, l’UNEF va multiplier les actions de sensibilisation grâce à des portes à portes ou plaidoyer en direction des politiques. Il termine, déterminé :« C’est très important pour les jeunes de se mobiliser contre ce projet de loi. Cette réforme va organiser le massacre de la jeunesse. Macron et son gouvernement ont appuyé sur l’accélérateur mais ils nous auront en face d’eux pour les stopper ! »