Le 12 novembre dernier, deux immeubles de la rue Pierre Mauroy s’effondraient et laissaient derrière eux une scène de chaos impressionnante. Cet effondrement a fait un mort et des locataires qui ont tout perdu. C’est le cas de Constantin, un des trois jeunes qui a averti les secours et a permis l’évacuation des immeubles.
« Je ne réalise pas encore ». En se réveillant le samedi 12 novembre, Constantin n’en revient toujours pas. Pourtant, cette nuit là, le jeune lillois a perdu une grande partie de sa vie. Ses vêtements, son matériel informatique, des jeux et des dossiers professionnels mais aussi un atelier de bricolage d’impression 3D qu’il avait confectionné avec ses deux colocataires : « Mes modélisations 3D avaient pour moi un petit côté sentimental. J’ai passé des centaines d’heures de travail dessus ». Des pertes matérielles, mais aussi la perte d’un logement et toute la valeur symbolique qui va avec, comme l’affirme le jeune homme de 24 ans : « Cet appart’, tous les trois, on l’aimait beaucoup ».
La vie d’après
Deux semaines après l’évènement, le jeune étudiant de l’ICAM avoue ne pas trop se rendre compte qu’il est passé tout près de la mort. « Je réalise seulement lorsqu’on me pose la question mais je ne vis pas chaque seconde avec cette idée en tête ».
Aujourd’hui, les trois colocataires, avec l’aide de la mairie de Lille, tentent de retrouver un appartement. Le cabinet de Xavier Bertrand leur a également fourni du matériel scolaire et informatique pour qu’ils puissent tout de même continuer à suivre les cours.
Même si la vie a repris son cours normal pour Constantin, les jours qui ont suivi le 12 novembre et l’engouement médiatique n’ont pas été évidents à vivre. « Au début c’était plutôt calme, peu de gens avaient nos numéros. Mais dès lundi, au boulot, j’ai reçu une dizaine d’appels téléphoniques. Pas facile à gérer … ». L’évènement a en effet été couvert par les journaux, radios et chaines de télévision nationales françaises, de quoi faire tourner la tête face à un tel évènement.
Juste après les faits, la municipalité a fait savoir qu’elle voulait les récompenser pour leur action héroïque. Constantin et ses deux amis n’ont encore reçu aucune information concernant cette potentielle décoration. Le jeune étudiant avoue humblement que cela ne le préoccupe pas. Étonnamment, il n’est rentré en contact qu’avec un des voisins du numéro 42 de la rue Pierre Mauroy pour prendre des nouvelles mais n’a pas eu d’autres contacts avec ceux à qui il a sauvé la vie.
« Oui, on va y laisser des plumes. Mais ce n’est pas en regardant en arrière que ça va arranger les choses. Cette histoire dramatique, qui aurait pu se terminer bien plus mal pour nous trois, ça nous a vraiment soudé ».
Aujourd’hui, c’est de l’histoire -déjà- ancienne, le rush est passé. A son retour à l’ICAM (il est actuellement en alternance), l’accueil de ses camarades a été chaleureux : « tous m’ont dit qu’ils étaient contents car ils auraient pu ne plus jamais me voir. Ce qui m’a fait réaliser que j’aurais pu ne jamais les revoir moi aussi ! »
Constantin et ses deux colocs veulent reprendre leur vie là où ils l’ont laissée, pour aller de l’avant. Ils peuvent compter sur leurs amis et leur famille, chez qui ils logent en attendant de retrouver un nouveau cocon.