Ça commence avec un voyage. Ça se termine par une BD : Le voyage de Marcel Grob. C’est Philippe Collin journaliste, écrivain et Sébastien Goethals dessinateur, qui se sont penchés sur le projet : écrire et dessiner sur un malgré-nous, accusé bien plus tard de crimes nazis. Mais est-il vraiment coupable ? Les deux auteurs présentaient leur album au Furet de Lille, Circonflex Mag est allé y faire un tour.
C’était un malgré-nous accusé de crimes nazis.
Un pas, deux pas, et hop ! Les voilà sur les traces de Marcel Grob. Durant la seconde guerre mondiale, le soldat Grob a parcouru la France et l’Europe. Dans un souci de justesse, Philippe Collin suit ses traces, à la pêche aux informations, digne du journaliste de France Inter qu’il est. S’il a choisi Marcel Grob comme sujet d’étude pour ce projet, ce n’est pas uniquement parce que c’était un malgré-nous, soupçonné de crimes nazis car on l’a forcé à en porter l’uniforme. Mais aussi parce que Marcel Grob était son grand-oncle, ce que l’on apprend uniquement à la fin de la bande dessinée… Et qu’il l’a rayé de sa vie le jour ou il a eu vent de son passage chez l’ennemi. Sans savoir qu’il était un malgré-nous … Remord, quand tu nous tiens …
Cette jeunesse alsacienne qui n’a eu d’autres choix que d’être enrôlée de force dans l’armée allemande.
L’importance de ce sujet réside dans le tabou qui subsiste encore aujourd’hui autour des malgré-nous , cette jeunesse alsacienne qui n’a eu d’autres choix que d’être enrôlée de force dans l’armée allemande. Qui sommes-nous pour les juger, leur coller l’étiquette de fascistes ? Philippe Collin tente d’amener son lecteur vers ce raisonnement en mettant en scène un juge sceptique mais qui recherche néanmoins la vérité. Aussi, il entrecoupe l’entretien du juge et de Marcel Grob par des flash-back qui permettent de revenir sur la triste jeunesse de l’Alsacien pendant la guerre.
Le porte-parole de ces victimes de guerre oubliées.
Le héros de l’œuvre se place en porte-parole de ces victimes de guerre oubliées. En Alsace, c’est un sujet encore très présent. C’est pour ça que l’avant-première de la BD a eu lieu là-bas. Philippe Collin avoue avoir été très ému par les réactions des habitants. Il y a eu beaucoup de larmes en souvenir des 130 000 malgré-nous enrôlés de force. Il était temps de prêter une voix à cette jeunesse bafouée. C’est en cela que Le Voyage de Marcel Grob est impérieusement nécessaire.