SOS Petits Commerçants

Manger sain et local tout en soutenant les petits commerces face aux géants de l’alimentation ? C’est le projet dans lequel s’est plongé Thibault Vanheeghe, étudiant de 23 ans. Jeune entrepreneur, il a lancé sa start-up lors du premier confinement. Aujourd’hui, Le coin des petits commerçants en confinement du Calaisis », c’est plus de 300 commerces référencés sur une carte interactive créée par ce Calaisien. Réunissant restaurants, épiceries, distributeurs automatiques et fermes de Calais et de ses environs, ce concept a permis aux petits commerces de continuer à vendre durant les confinements.


Quand et pourquoi avez-vous eu l’idée de ce projet ?

C’était pendant le premier confinement, en mars 2020. Je discutais avec mes parents et amis des difficultés rencontrées pendant cette période. J’ai pensé à tous ces petits commerçants délaissés dans la ville et les campagnes périphériques de Calais.

 

Quel est le concept du  Coin des petits commerçants  ?

J’ai eu l’idée d’ouvrir une carte interactive sur laquelle est indiquée la localisation des commerces, fermes et petites épiceries, comme une sorte de Google Maps. Je demandais aux commerçants de m’envoyer leurs données afin de  renseigner les utilisateurs sur les produits disponibles. A partir du second confinement, ça a pris très vite : plus besoin de demander des renseignements aux commerçants, ils me les ont fournis eux-mêmes.

 

Tu continues tes études en parallèle ?

Je suis actuellement en DTU  Énergies renouvelables, spécialité éoliennes  à Copenhague au Danemark. Pendant le premier confinement, j’ai profité de n’avoir que peu de cours à distance pour me consacrer pleinement à ce projet. J’ai réussi à récolter des données de La Voix du Nord, les partager, récolter de la data pour pouvoir agrandir la carte et y rajouter des points référencés.

 

Manger sain et local

 

Est-ce que cette activité a décollé depuis l’an dernier?

Ça a tout de suite bien pris. En mai,  j’avais déjà plus de 150 commerces référencés, juste pour la ville de Calais et ses campagnes périphériques. Les offres se sont élargies : j’ai ajouté à la carte des traiteurs, les restaurants qui proposaient du pick&collect, et des distributeurs automatiques locaux. Ces derniers ont particulièrement été utilisés car en période de pandémie, les distributeurs permettent de s’approvisionner sans interactions et sans entrer en contact avec d’autres personnes. Depuis octobre, j’ai référencé plus de 300 commerces sur la map. Les journaux locaux ont commencé à me contacter, ça a boosté la vente et les visites de la map qui a été utilisée plus de 13000 fois !

 

 

As-tu eu des retours positifs des commerces référencés sur la carte ?

Au niveau des retours, bien sur, c’est très positif. Par exemple, j’ai eu le cas d’un fermier qui ne pouvait pas écouler ses pommes de terre car il avait pour habitude de vendre ses produits à de gros clients comme McCain (leader du marché du surgelé). Il m’a donc contacté pour sauver ses légumes et les vendre à bas prix, pour éviter de gaspiller sa production.

 

Et des clients ?

Même constat ! Ils ont trouvé la map très facile à utiliser,  ont découvert des commerces qu’ils ne connaissaient pas auparavant. Ils ont pu manger sain et local.

 

Eviter le gaspillage alimentaire

 

Face aux géants de l’alimentation, n’est-ce pas compliqué pour ces petits commerces de continuer à vendre ?

Si. Et je pense que ces cartes digitalisées sont l’avenir du commerce local. Les fermiers et petites épiceries n’ont ni le temps ni les connaissances pour développer leurs ventes sur Internet,  cette plateforme digitalisée pourrait leur permettre de vendre plus, et d’éviter ainsi le gaspillage alimentaire.

 

Es-tu seul à t’occuper de cette carte interactive ?

Ma mère m’aide beaucoup, c’est un vrai travail d’équipe. Actuellement, on est entrain de s’agrandir, et j’ai réussi à rassembler différents profils.  On a décidé de créer une application qui référencerait les petits commerces, et on est actuellement 4 à développer un business model.

 

A l’approche d’un possible déconfinement, les gens commencent de plus en plus à reprendre leurs habitudes alimentaires, comment est-ce que tu vois la suite ?

Quand je suis arrivé au Danemark, j’ai discuté de ce projet autour de moi. Les gens ont trouvé l’idée très intéressante, et m’ont suggéré d’importer ce concept. Une amie que j’ai rencontrée a eu l’idée de mettre en contact les restaurants avec des fermes, afin qu’elles les approvisionnent en produits locaux. On va donc s’associer pour y réfléchir ensemble et créer une nouvelle appli pour le Danemark, qui connectera  les restos et les fermes. Ici, il y a plus de compétition, des applications similaires existent déjà. On compte donc  lancer le projet d’abord au Danemark, puis l’importer ensuite à Calais, et pourquoi pas,  l’étendre à la France entière !

 

Pour accéder à la carte interactive et soutenir les petits commerces : cliquez ici.

Et rendez-vous sur la page Facebook.

 

Lucille Berthouloux