“Je crois que ma première cigarette, je l’ai fumée avec un copain. Je devais avoir 16 ou 17 ans. Son oncle était gendarme et mon ami lui piquait quelques paquets. Dans ces années, on distribuait des cigarettes aux gendarmes et aux militaires (des Gauloises sans filtres). Ces clopes n’étaient pas bonnes mais elles étaient gratuites et nous étions contents. J’ai commencé par une cigarette de temps en temps. Mais après, durant ma formation d’horticulteur, tout le monde fumait et ça n’aide pas. Le tabac, c’est un moyen de communication et d’échange.
Pendant mon service militaire, c’est l’armée qui m’a fourni gratuitement en cigarettes. A cette époque, l’image du fumeur était très forte. Un jeune qui fume “devient” un homme, c’était quelque part une façon de s’affirmer. On pouvait fumer partout, dans les cafés, les trains, les restaurants, les boîtes, les espaces publics… Résultat : je suis devenu dépendant. Je fumais en moyenne 10 cigarettes par jour, et plus le week-end ou en soirée. J’ai fumé comme ça jusqu’à 44 ans ! Ça fait un peu long…
Le déclic, ça a été mon infarctus. Une sacrée alerte ! J’ai compris que la seule solution pour m’en sortir, c’était de faire une croix définitive sur la cigarette. Bizarrement, ça n’a pas été si compliqué d’arrêter sans substitut. Ma seule motivation : ne plus empoisonner mon corps et protéger ma santé pour voir grandir ma fille. Je ne dis pas non plus que tout a été simple. Sentir une odeur de tabac en croisant un passant dans la rue, voir un paquet de cigares en allant acheter un journal… ce n’est pas facile de résister. Je crois qu’on est toujours titillé par cette odeur et ce besoin de fumer, mais je reste très loin de l’envie de recommencer…”
Marie Tendron