Samedi 15 octobre, La Piscine de Roubaix fêtait son anniversaire. L’occasion de faire le point sur 15 belles années d’expositions, mais aussi sur les projets futurs de La Piscine. Circonflex Magazine s’est jeté à l’eau et a rencontré le conservateur. Assis dans la cafétéria du musée, au milieu des visiteurs, Bruno Gaudichon, passionné, raconte son musée.
Circonflex Magazine : La Piscine est un musée emblématique du Nord de la France… Rencontre-t- elle toujours autant de succès ?
Bruno Gaudichon : Il est vrai que souvent, après une ouverture, la phase d’enthousiasme retombe un peu. Mais nous, depuis 15 ans, on a toujours autant de monde. Nous avons plutôt vu les entrées augmenter avec les années !
CM : En 2015, La Piscine a été élue meilleur musée de France (dans une ville entre 20 000 et 200 000 habitants) par le Journal des Arts, cela donne une autre image de Roubaix ?
B.G : Il est certain que ce n’est pas une ville qui renvoie une image positive, c’est le moins que l’on puisse dire ! La Piscine, c’est un vecteur qui aide à changer la vision que l’on se fait de Roubaix. Avoir une bonne image c’est toujours bon pour une ville …
Même les petites expos, on y est attaché !
CM : Parmi les nombreuses expositions, laquelle a eu le plus de succès ?
B.G : Ce sont les chiffres qui parlent … L’exposition qui a fait le plus d’entrées, c’est la première rétrospective sur Picasso, en 2004. Elle avait été organisée dans le cadre de Lille, capitale européenne de la culture, et avait donc bénéficié d’une communication plus importante que ce que l’on peut avoir traditionnellement. C‘est effectivement une exposition qui a marqué les esprits.
CM : Et vous, y-a- t-il un projet que vous avez monté et dont vous gardez un souvenir particulier ?
B.G : On fait une dizaine d’expos par an, c’est beaucoup. Une année, on est même allé jusqu’à 19 ! Alors vous savez … Chaque projet, c’est pour nous le plaisir de rencontrer l’oeuvre d’un artiste, les collectionneurs, les contributeurs … Même les petites expos, on y est attaché !
CM : Le Musée a consacré une rétrospective des œuvres du père de l’acteur Robert De Niro … Comment est-ce arrivé ?
B.G : On avait travaillé sur un projet pour un artiste franco- américain, Gaston Lachaise, avec la galerie Larry Salander. Ils avaient été très heureux du résultat de cette exposition, qui avait très bien marché. Ils nous ont proposé d’exposer Robert de Niro père, parce que c’est eux qui géraient la collection familiale. Je ne connaissais pas bien la production de cet artiste. Je suis allé à New York, j’ai vu l’atelier et les œuvres. C’était tout à fait passionnant, en phase avec le projet de La Piscine. On a donc monté cette magnifique exposition.
CM : Et Robert De Niro est venu…
B.G : Oui ! Quelle cerise sur le gâteau, la présence de Robert de Niro junior au vernissage ! Un grand moment pour les visiteurs, pour La Piscine, mais surtout pour l’équipe en interne. Parce qu’il a été d’une gentillesse exquise : il a accepté de se faire prendre en photo avec tous les gardiens, l’un après l’autre ! C’est un très bon souvenir. Et l’expo était superbe.
Il est très important que l’on garde notre singularité.
CM : Comment choisit-on de monter ou non une exposition ?
B.G : Il ne faut pas faire n’importe quoi. Il y a une logique dans la programmation d’un musée. Une exposition sur la peinture du 17 e siècle, même si j’adore ça, n’aurait pas de sens à La Piscine. Il faut aussi qu’on ait une partition différente des autres musées de la région. Lorsqu’il y a un type d’exposition qui pourrait nous sourire et qui n’est pas trop proche de la programmation d’un autre musée de la région, je signe ! Je pense qu’il est très important que nous gardions notre singularité.
CM : La Piscine a reçu de nombreuses personnalités, a organisé une multitude d’événements. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
B.G : Peut-être l’ouverture. C’était une période vraiment particulière, riche en évènements exceptionnels. Je pense par exemple à la ronde des Derviches Tourneurs dans le bassin, à minuit, le jour du vernissage. Un moment de grâce absolue. Diriger un musée, c’est vivre de nombreux moments d’exception … Mais voyez-vous, regarder en arrière, ce n’est pas mon genre, je préfère voir ce qu’il reste à faire.
CM :…et que reste-t- il à faire ?
B.G : Agrandir le musée ! On va commencer une phase d’extension importante, mais qui ne va pas suffire. On le sait déjà ! Ce ne sera sans doute pas moi qui réaliserai les travaux suivants … Mais c’est important que l’on réfléchisse déjà à l’avenir du musée…
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