Vendredi 24 octobre 2025, j’ai eu la chance de rencontrer Marleen Lafère qui travaille pour l’association Cœur à Cœur à Villeneuve-d’Ascq. Nous nous sommes retrouvés à Arras, dans le café d’un hôtel, un endroit chaleureux pour découvrir le métier d’équithérapeute.
À première vue, rien ne destinait Marleen à devenir équithérapeute. À 43 ans, cette ancienne professionnelle du tourisme a choisi de changer de vie pour renouer avec une passion d’enfance : les chevaux. Aujourd’hui, elle accompagne enfants, adolescents et adultes grâce à l’équithérapie, dans un cadre où le cheval devient un véritable partenaire de soin.
« Depuis toute petite, j’ai toujours aimé les chevaux », raconte-t-elle avec le sourire. Elle monte depuis l’âge de huit ans, passe ses galops un à un et achète son premier cheval dès qu’elle entre dans la vie active. Pourtant, ce n’est qu’après seize ans passés dans le développement touristique qu’elle décide de tout quitter. « Je ressentais le besoin de faire quelque chose de plus humain, de plus utile », confie-t-elle. La médiation animale s’impose alors comme une évidence.
« Je n’étais pas issue du médico-social, donc je devais d’abord acquérir des bases en psychologie et en pathologies. »
En 2019, Marleen se forme à l’accompagnement par la médiation animale à l’Atelier des Z’animo, un organisme de formation qui lui ouvre les portes d’un nouveau monde. « Je n’étais pas issue du médico-social, donc je devais d’abord acquérir des bases en psychologie et en pathologies. » Elle découvre alors la richesse de la relation d’aide assistée par les animaux. Quelques années plus tard, elle se spécialise en Belgique, à l’École belge d’hippothérapie, où elle obtient son certificat.
« Le métier n’est pas encore réglementé en France, mais les choses bougent », explique-t-elle. « C’est un métier exigeant : il faut bien connaître les pathologies, les publics accompagnés… et surtout les chevaux. »
« C’est un être hypersensible, qui ressent nos émotions, nos battements de cœur, nos intentions »
Pour Marleen, le cheval est un partenaire à part entière, « c’est un être hypersensible, qui ressent nos émotions, nos battements de cœur, nos intentions ». Un miroir fidèle, incapable de tricher. « Si une personne dit qu’elle va bien alors qu’elle bouillonne à l’intérieur, le cheval le percevra tout de suite. »
Cette relation authentique est au cœur de son travail. Dans ses séances, le cheval aide à révéler les émotions, à apaiser, à restaurer la confiance en soi. « On travaille souvent sur le lien, sur la régulation émotionnelle, sur la conscience du corps. »
Une séance commence toujours par la rencontre : le choix du cheval, le pansage, le contact. Puis vient le travail à pied ou à cheval, selon les besoins. « Ce n’est pas forcément monter qui compte. Parfois, simplement guider l’animal, le toucher, suffit à débloquer des choses. »
« C’est un cadre incroyable, entouré de nature. On y accueille des enfants autistes, des adolescents en difficulté, mais aussi des adultes ou des personnes âgées. »
Marleen partage son temps entre plusieurs structures, notamment l’association Cœur à cœur, installée dans un lieu pluridisciplinaire nommé Auprès de mon arbre, près de Lille. Psychologues, art-thérapeutes et équithérapeutes travaillent main dans la main. « C’est un cadre incroyable, entouré de nature. On y accueille des enfants autistes, des adolescents en difficulté, mais aussi des adultes ou des personnes âgées. »
Les collaborations y sont fréquentes : « On peut croiser un musicothérapeute, une art-thérapeute… On monte des projets communs. C’est très stimulant. »
« Je me souviens d’une femme qui avait perdu son fils. Elle est arrivée brisée. Le contact avec le cheval lui a permis, peu à peu, de se reconnecter à elle-même. »
Dans sa voix, la passion se mêle parfois à l’émotion. « Je me souviens d’une femme qui avait perdu son fils. Elle est arrivée brisée. Le contact avec le cheval lui a permis, peu à peu, de se reconnecter à elle-même. » Ces séances ne remplacent pas un suivi médical, précise Marleen, mais les complètent. « Souvent, les personnes que j’accompagne sont déjà suivies par un psychologue ou un éducateur. Le cheval vient comme un catalyseur. »
Il arrive aussi que la magie n’opère pas : « Si la personne ou le cheval ne sont pas disponibles émotionnellement, on s’adapte. Et s’il y a de la violence envers l’animal, ce n’est pas possible de poursuivre. Le respect du bien-être animal, c’est la base. »
« Il n’y a pas de honte à avoir besoin d’un soutien. Reconnaître qu’on va mal, c’est déjà un premier pas vers soi. »
Aujourd’hui, en plus de l’association Cœur à Cœur et un centre équestre près d’Arras, Marleen travaille avec ses trois chevaux et un chien médiateur. Elle rêve d’élargir son activité et d’ouvrir ses portes à de nouveaux publics. Les étudiants, notamment. « On parle beaucoup de santé mentale chez les jeunes, de stress, de burn-out… Je pense que l’équithérapie pourrait vraiment les aider. »
Aux lecteurs qui hésiteraient à demander de l’aide, elle adresse un message simple : « Il n’y a pas de honte à avoir besoin d’un soutien. Reconnaître qu’on va mal, c’est déjà un premier pas vers soi. »
Dans le calme d’une prairie, entre le souffle chaud d’un cheval et la douceur d’un geste, Marleen a trouvé sa voie : celle où l’animal devient le reflet du mieux-être humain.
Louis CACHEUR


