En parcourant les coursives du Grand Palais, qui accueillait samedi dernier le Congrès d’investiture d’Anne Hidalgo, nous avons pu rencontrer Michaël Delafosse, maire de Montpellier et cadre du Parti socialiste. L’occasion de revenir avec lui sur sa perception de la campagne présidentielle et sa vision de la France pour 2022.
Un pas convaincu, un sourire à peine caché : Michaël Delafosse semblait se plaire ce 23 octobre à Lille. Organiser ce congrès dans la capitale des Flandres, une décision qui paraît convaincre le sudiste : « Lille ce n’est pas rien, Lille c’est Martine Aubry ».
Au centre de l’attention – chauffeur de salle et animateur de cet après-midi de congrès – il a un nouveau statut à assumer : celui de néo-cadre du Parti socialiste. Un rang, acquis un an plus tôt après une large victoire aux municipales face au maire sortant, dont il peut jouir pleinement en ce début de campagne présidentielle. Il nous fait face pendant une dizaine de minutes – quelques gouttes de sueur sont même encore présentes sur son front après cet après-midi chargé – mais il prendra le temps d’évoquer avec nous tous les sujets du moment.
« De nombreux dirigeants européens veulent travailler avec Anne Hidalgo ! »
Michaël Delafosse en est certain : c’est Anne Hidalgo qui doit s’installer demain à l’Elysée. Une opinion appuyée et martelée durant tout le congrès par de nombreux messages de soutien de leaders politiques internationaux et particulièrement européens. « De nombreux dirigeants européens veulent travailler avec Anne Hidalgo, martèle-t-il. On a entendu des maires du monde entier, le premier ministre du Portugal, Olaf Scholz le futur chancelier allemand, dirent « on veut Anne Hidalgo pour travailler pour l’avenir de l’Europe » ».
Néanmoins, la maire parisienne est une personnalité clivante qui, semble-il, peine à créer une dynamique de campagne. La candidature d’Anne Hidalgo plafonne actuellement entre 4 et 6%. Le maire de Montpellier est serein : « les sondages n’ont jamais fait une élection ! Regardez-moi ! Qui me voyait aussi haut en 2020 ? Le peuple de gauche a la possibilité de donner à la France la première femme présidente ».
« Hidalgo ? Une femme qui pose le débat »
C’est un choix qui a questionné, intrigué : mais pourquoi Anne Hidalgo s’est lancée dans une campagne présidentielle qui semble tout sauf conquise aux socialistes ? Michaël Delafosse préfère expliciter le choix du PS de désigner la maire de Paris chef d’équipe en 2022 : « Le choix d’Hidalgo ? Une femme qui pose le débat. Moi, je trouve que c’est un excellent choix ! Elle est maire de Paris, elle ramène les Jeux Olympiques, c’est la plus engagée sur les questions climatiques, elle ne lâche rien dans ses convictions ».
Le débat a bien été lancé à Lille. Abolition de Parcours sup, légalisation du suicide assisté, création d’un impôt sur la fortune climatique, droit de vote abaissé à 16 ans … : Anne Hidalgo n’a pas traîné pour annoncer les premières lignes de son programme. Un horizon qui semble satisfaire l’élu montpelliérain : « c’est comme ça qu’on fait vivre une démocratie : des valeurs, des idées, de l’écoute ».
« C’est sérieux la politique, parce que la vie des gens, c’est sérieux »
Le cadre du Parti socialiste se révèlera beaucoup moins tendre avec ses opposants politiques : « Il y en a d’autres, ils font ça sur Twitter. Ils cherchent le buzz, ils passent leur vie à critiquer. Et bien, cela abaisse notre pays ». Une référence à peine cachée au débat de la semaine passée entre Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à la citoyenneté, et Eric Zemmour, polémiste et potentiel futur candidat à la présidentielle, au sujet de la liberté de la presse. Il conclura en nous confiant : « c’est sérieux la politique, parce que la vie des gens, c’est sérieux ».