A 57 ans, Marie Hélène Horain, surnommée Homahé, reprend les rênes des Ateliers de la rue du Wacq avec 80 autres artistes à Saint-Amand-Les-Eaux. De l’ombre à la lumière, Circonflex Mag retrace le parcours d’une peintre qui a développé une pratique bien singulière à base de chicorée.
La première salle d’exposition de Marie-Hélène, c’est son salon. Ses murs sont truffés de ses toiles. Des portraits qui semblent nous dévisager, alors qu’Homahé me tend une tasse et commence à raconter son parcours. Ses premières toiles, influencées par son frère Jean-Marc Basserue, lui aussi artiste. Des premiers coups de pinceau en 2000 pour les 50 ans de mariage de ses parents. “ Mon art je l’ai d’abord vécu en famille, à l’ombre du grand public ” exprime-t-elle. A l’époque, employée chez Conforama, son patron remarque son talent et lui commande le portrait de ses enfants. Des portraits qui deviendront sa marque de fabrique. “ Petite, j’ai toujours été attirée par le regard, la bouche, le nez, et tout ce qui concerne le visage. C’est une attirance inexplicable pour moi“. Le cœur de son art, c’est le visage des autres. Homahé fait des collages de magazines qu’elle va ensuite peindre, tel un chirurgien qui recompose les visages. “ J’arrache, je déchire, je colle. J’aime l’anonymat que peut apporter les différentes formes de visage “. Un art qu’elle baptise portrait arraché.
En 2008, en quête de reconnaissance, elle veut maintenant faire vivre son art sous les projecteurs. Marie-Hélène intègre un collectif artistique les ateliers de la Rue du Wacq à Saint-Amand-Les-Eaux. C’est là qu’elle fera face pour la première fois au jugement du public. Et aux déceptions qui vont avec. “ Un soir d’exposition, un couple multiplie les commentaires positifs sur ce que je croyais être mes tableaux. Mais non, leur regard était porté sur le mur fraîchement construit. Mes peintures étaient comme invisibles à leurs yeux “ relate Marie-Hélène. “ Le pire sentiment, c’est l’indifférence d’autrui face à son art. L’incompréhension et l’insensibilité de ce que l’on produit.” Une première désillusion qui va pousser l’artiste à encore se réinventer.
Un jour, elle est invitée à une journée de sensibilisation à l’écologie à Lecelles. Elle accepte de relever un défi, celui de peindre avec ce qu’elle a sous la main. “ Je voulais une couleur qui se rapproche du sépia. J’ai ouvert les placards de la cuisine de ma mère, et de la chicorée m’y attendait sagement ” se souvient-elle. Odeur typique du Nord, cette plante nous rappelle de sensibles moments de nostalgie. Pour dompter ce matériau, elle mélange les grains avec de la peinture acrylique. Après une journée de repos, la texture donne un effet caramel qui peut enfin être utilisé. « Au toucher, le mélange est très collant. Je n’utilise pas mes pinceaux, mais plutôt mes doigts » explique-t-elle. Sur une toile vierge, Homahé peint la chicorée de ses doigts de fée à l’allure d’une sculpture que l’on moule. Donnant naissance à un art unique, le portrait à la scarole. En 2019, c’est la consécration. Ses œuvres sont exposées au musée de la chicorée à Orchies, berceau nordiste de la célèbre plante.
Aujourd’hui, elle souhaite fusionner ses deux techniques d’art: le portrait arraché et celui à la chicorée. Donnant la symbiose de ses œuvres uniques et singulières.
Retrouvez son actualité sur son site ! Homahé – Artiste peintre : https://www.homahe.art