Allo, il y a quelqu’un ?

Les 6, 7 et 8  février se tiennent les journées mondiales sans téléphone mobile. Tout le monde est appelé à lâcher son smartphone pendant 24 heures. Saurez-vous relever le défi ?

Lancée en février 2001 par l’écrivain Phil Marso, La Journée Mondiale Sans Téléphone Portable fête aujourd’hui ses 20 ans. Au départ, cet auteur de polars tournant autour des sujets de santé souhaitait alerter sur les dangers de l’utilisation abusive du téléphone portable. Et bien sûr de donner à réfléchir sur la façon dont le portable a modifié notre comportement et notre manière de communiquer. Le mot d’ordre –ne pas utiliser son téléphone pendant 24 h- servait essentiellement à montrer à quel point nous étions tous accro à ce petit objet …

 

Obsolescence programmée

 

Très vite, les écologistes rebondissent sur cette initiative, et la nature des objectifs de cette journée mondiale s’élargit.  Nos téléphones sont des objets extrêmement polluants, notamment à cause des métaux lourds utilisés. L’extraction de certains d’entre eux est même une des raisons de guerres particulièrement meurtrières, comme en République du Congo.

Mais ces petits copains du quotidien sont aussi la cause d’autres problèmes, tous aussi graves. Les grandes marques de téléphones participent à l’exploitation de nombreux enfants dans des pays en développement, en Chine par exemple. Ces mêmes grandes marques sont aussi soupçonnées de techniques commerciales illégales comme l’obsolescence programmée. Cette méthode a pour but de programmer un objet pour qu’il ne fonctionne plus à partir d’un certain moment afin de vendre un nouveau produit pour remplacer l’ancien. Enfin, les ondes magnétiques que créent nos smartphones auraient un impact sur notre santé mais aussi sur le climat.

 

Entre deux et 6 heures par jour

 

Aujourd’hui, plus de 8 Français sur 10 possèdent un smartphone. Et selon une étude de la mutuelle étudiante Smerep, deux tiers de étudiants déclarent passer entre 2 et 6 heures par jour sur leur téléphone. Près de la moitié d’entre eux se sentent incapable de s’en passer, ne serait-ce que durant une journée. Marie, lycéenne de 17 ans, fait partie de ces derniers : “Une journée sans utiliser mon téléphone? Je ne pense pas en être capable. J’ai déjà entendu la phrase qui dit que notre téléphone, c’est le prolongement de notre main. C’est totalement vrai pour moi. Je m’en sers tout le temps, pour jouer, pour parler à mes amis, pour aller sur mes réseaux sociaux, pour appeler mes parents. Je sais qu’il y a de nombreux problèmes sur la fabrication des téléphones, surtout sur l’exploitation des enfants et qu’il faudrait réagir, mais ça serait hypocrite de dire que je suis capable de ne pas l’utiliser toute une journée. Sans mon téléphone, je m’ennuierais vite, surtout dans cette période qui nous empêche de voir des gens.”

 

J’en ai besoin pour vivre

 

Franck, 35 ans, employé dans une banque, est d’une autre génération, certes moins accro, mais qui imagine difficilement une vie sans téléphone, de cette génération qui allume son smartphone en moyenne …26 fois par jour (le double pour les étudiants ! ): “J’utilise mon téléphone tous les jours pour mon travail. Même avant la Covid, j’étais obligé de m’en servir. J’en ai besoin pour communiquer avec les personnes dont je suis responsable et qui parfois, travaillent depuis chez eux, en télétravail. Je ne suis pas accro à mon smartphone, je ne suis presque pas sur les réseaux sociaux, je ne joue pas avec mais j’en ai besoin pour vivre. Mais peut-être que si je ne travaillais pas le 8 février, je serais capable de relever le défi.”

 

Nomophobie

 

Yvette, retraitée de 83 ans, appartient à un autre monde… La journée sans téléphone portable, elle n’en voit même pas l’utilité  : “Mon portable, je ne l’utilise presque jamais. Je ne sais même pas comment ça fonctionne. Je sais juste comment décrocher quand quelqu’un m’appelle et je sais aussi comment appeler quelqu’un. Pour le reste, je n’y connais absolument rien. Alors s’il faut arrêter de l’utiliser pour avoir un impact positif sur l’écologie, bien sûr que j’en serais capable”.

Yvette ne fera jamais partie des membres cette tribu auquels on donne le nom étrange de nomophobes. Nomophobie …élu mot de l’année 2018 par le Cambridge Dictionnary. Nomophobie …ou la peur incontrôlable de se retrouver sans téléphone mobile !

 

Maxime Ducat