Agata Reclaf, Polonaise de 35 ans, ne fait pas forcément de vagues mais ses “bodies” eux, s’exposent et se font entendre. Découverte par La Maison de la Photographie grâce au concours Debuts en Pologne, c’est à Lille qu’elle obtient la mention honorable de la 11° édition du prix Julia Margaret Cameron en 2018. Elle est la grande invitée de La Maison de la Photographie à l’occasion du festival Art Up! Circonflex Mag est allé discuter avec l’artiste le temps d’une interview.
Plan en main, c’est en case G13 du Grand Palais que nous rencontrons la jeune photographe. La niche est blanche, épurée. De grands carrés sombres ornent les murs. Les photos d’Agatha. Elle nous invite à prendre place au centre de son antre et revient sur son parcours depuis la Pologne. “C’est grâce au concours Debuts que je me suis faite repérer par Olivier Spillebout (directeur de La Maison de la Photographie, ndlr) en 2017 et qu’il m’a invitée à prendre part à cette exposition dans sa galerie” résume t-elle. Elle n’en revient toujours pas. On peut la comprendre. Ce n’est que depuis 2015 qu’elle photographie, diplôme en poche.
Mes proches se plaignaient de mes photos qui en montraient trop.
Quand on lui demande d’où vient son inspiration, Agata tique. Reste perplexe. “Disons que beaucoup de photographes polonais ont su capter mon attention. J’ai pris un peu de partout!” Après quelques secondes, elle revient sur ses propos : “En réalité, je prenais déjà des photos de ma familles et de mes amis. Mais mes proches se plaignaient de mes clichés, qui en montraient trop!” plaisante t-elle. Quand elle y repense, ce fut le moment déclic. Elle avait trouvé son style.
Le fait d’en montrer beaucoup, c’est pour elle la façon de s’exprimer, de parler. “Je suis une personne tellement timide de nature que c’est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour faire passer mes idées”. La Polonaise admet que cette forme d’expression lui permet aussi de faire ressortir son coté sombre. “Ce travail c’est moi. Alors, s’il parait un peu obscure ou mystérieux, c’est que j’ai cet aspect en moi”.
C’est tellement ennuyeux de photographier ce que la société érige en diktat, le beau et le parfait.
Désireuse de mettre en lumière l’imperfection, elle prend en contre-pied la société actuelle du parfait. “C’est tellement ennuyeux de photographier ce que la société érige en diktat, le beau et le parfait s’exclame t-elle. Les gens aiment les formes, adorent les imperfections! Les défauts, c’est ce qui fait qu’on aime une personne.”
Mais alors, des photos revendiquant des corps nus imparfaits sont-elles choquantes? “De nos jours, il est impossible de choquer” affirme Agata. Elle qui aime regarder le visage des gens captivés par ses photos, elle n’a encore jamais vu quelqu’un se plaindre de la nudité de ses clichés. “Les gens sont plutôt interrogatifs et j’adore observer l’évolution de leur expression à la découverte des photos” confesse t-elle.
Les hommes sont trop vaniteux pour parler de leurs faiblesses.
On retrouve beaucoup de corps féminins dans son travail. “Les femmes sont plus ouvertes à l’idée de se faire photographier dans leur intimité. Elles se sentent plus proches de moi”. On se demande alors ce qu’il en est des hommes. Agata, elle, a la réponse. “Les hommes sont trop vaniteux pour parler de leurs faiblesses. Tout est dans l’image de l’homme fort qui leur est imposée par la société”. L’artiste s’attriste de cette réserve masculine, forcée par nos codes. C’est d’ailleurs son ambition : un nouveau cycle focalisé sur les hommes. Alors messieurs, si vous avez des imperfections à montrer, pourquoi ne pas la contacter? Pour plus d’informations, rendez-vous sur son site internet ou sur sa page Instagram : @reclaf_photography.