Dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, la Ville de Lille, Osez le féminisme 59, et Lille Métropole Athlétisme unissent leurs forces pour organiser une course nocturne. Thomas Meunier, éducateur spécialisé, a décidé de promouvoir cet événement sportif et solidaire au sein de la structure de protection de l’enfance dans laquelle il travaille.
C’est dans le bureau des éducateurs que Thomas Meunier, 47 ans et père de jumeaux de 10 ans, nous accueille. Il travaille depuis 11 ans au GAP, une association qui œuvre en faveur de la protection de l’enfance et du Code de la Justice Pénal des Mineurs. Au sein du Service d’Accueil Globalisé, il accompagne des enfants et des adolescents de 6 à 18 ans qui rencontrent des difficultés d’adaptation scolaire. Il travaille en étroite collaboration avec les établissements scolaires pour proposer des emplois du temps aménagés. Ils permettent aux jeunes de partager leur temps entre l’école et la structure d’accueil afin de reprendre petit à petit un rythme scolaire classique : “Notre rôle est d’accompagner ces jeunes qui ont des problèmes de comportement ou qui ont des difficultés pour aller au collège ou au lycée pour de multiples raisons (harcèlement, difficultés familiales, phobie sociale, etc.) et qui ne tiennent pas à l’école, explique Thomas. Nous proposons des ateliers éducatifs adaptés et un suivi personnalisé pour les aider à surmonter leurs difficultés et à se réinsérer progressivement dans le système scolaire classique.”
Cette approche innovante répond à un besoin croissant identifié par le département du Nord, face au nombre important de jeunes en difficulté qui étaient auparavant orientés vers des structures en Belgique. L’asso offre ainsi une alternative locale, permettant un accompagnement de proximité avec les écoles, collèges et lycées français.
Se dépasser
Dans le cadre de son travail, Thomas a décidé d’organiser et d’inclure la participation de sa structure à la course nocturne contre les violences faites aux femmes à Lille. Son objectif : amener pour la première fois cette course au sein du GAP et faire en sorte que cela encourage les professionnels mais aussi les jeunes à y participer. Il souhaite également les sensibiliser à cette cause cruciale, surtout dans un contexte de protection de l’enfance où la thématique des violences faites aux femmes constitue une des problématiques que l’on peut retrouver dans les prises en charge “Les jeunes, ici, sont suivis individuellement et travaillent sur leur confiance en eux. Cette course est une extension de ce travail, elle leur permet de se dépasser et de voir qu’ils peuvent apporter leur contribution à une cause sociale”.
Pour Thomas, cette course va bien au-delà d’une simple activité sportive. Elle représente non seulement une sensibilisation à la cause des violences faites aux femmes, mais aussi un média pour renforcer la confiance et le lien des jeunes envers les professionnels de la protection de l’enfance. “Je ne suis pas éducateur juste de 8h30 à 16h30. C’est une conviction, et je veux montrer aux jeunes qu’ils peuvent faire confiance à des adultes qui s’engagent au-delà de leur métier”.
Pour motiver les adolescents, Thomas leur propose des entraînements sportifs le mercredi après-midi. Il s’efforce également d’impliquer leurs parents quand cela est possible. Malgré les défis liés au profil des jeunes décrocheurs qu’il accompagne, il reste optimiste : sur la dizaine qu’il suit, en mobiliser 4 ou 5 représenterait une victoire.
Montrer aux victimes qu’elles ne sont pas seules
L’éducateur aborde le thème des violences faites aux femmes avec les jeunes du service de manière sensible et adaptée. Il reconnaît la difficulté de traiter ce sujet en groupe mixte, conscient que certains ados peuvent avoir été victimes ou témoins de violences, notamment les jeunes filles. Les discussions se font souvent de manière informelle, notamment lors des ateliers qu’il anime. “Les médias et les réseaux sociaux ont contribué à sensibiliser les jeunes à cette problématique, ce qui facilite les échanges.” Son objectif, c’est d’ouvrir le dialogue, de permettre aux jeunes de s’exprimer sur ce sujet, tout en les sensibilisant à l’importance d’agir, même en tant que témoin.
Thomas conclut avec un message puissant : “L’idée de ces rassemblements, c’est de vraiment montrer aux victimes ou aux personnes sensibles à cette cause qu’elles ne sont pas seules. Il y a du monde qui se mobilise pour ça. Participer, c’est ressentir cette atmosphère unique, ce côté humain. C’est paradoxal, mais on peut rassembler du monde pour des causes graves dans une ambiance festive. C’est une occasion rare de se retrouver tous ensemble pour une cause importante.”