Uber Eats

Uber Eats : L’esclavage des temps modernes

Les tâches des coursiers indépendants Uber Eats consistent à récupérer les commandes dans les restaurants, puis à les livrer aux points de livraison. Le coursier le plus proche reçoit normalement la notification de commande et récupère la livraison dans les plus brefs délais. Mais derrière cette promesse d’emplois se cache une triste réalité. Abdoulaye, coursier depuis 3 ans pour Uber Eats en France, répond à nos questions.

Comment as-tu pris connaissance du métier d’Uber Eats et comment t’es-tu rendu compte du système farfelu ?

Chez moi, au Nigeria, le métier de coursier en France est extrêmement connu. Nous le voyons tous comme une promesse et une opportunité de se construire dans un pays étranger, et nous prenons en compte le système bien avant de commencer. Mais hélas, malheureusement pour nous, ce sont les seules opportunités de travail que nous pouvons rencontrer.

En hiver, Uber Eats ne nous apporte aucun soutien si ce n’est que des bonus qui ne durent pas longtemps. Ils ne confient pas de matériel pour résister à la pluie ou à l’hiver. Nous devons tout acheter nous-mêmes.

Quel est ton salaire mensuel, et comment organises-tu tes jours de travail ?

Je m’organise selon le temps qu’il fait dehors mais en général j’essaye de travailler tous les jours. Parfois, en semaine, je préfère travailler uniquement le soir. En journée, il n’y a pas beaucoup de commandes.

Uber Eats prend beaucoup d’argent sur les courses. Donc les plus longues ne sont pas les plus intéressantes. Moi, je n’accepte jamais une course de plus de 6 km. Elle pourrait me rapporter environ 8 euros. Mais cette distance est bien
trop longue, et la route jusqu’au restaurant puis le retour après la livraison ne sont pas pris en compte. Je perds trop de temps pour rien.

Mon salaire est très instable. Par exemple, que l’on soit en début ou en fin de mois, il n’y a pas du tout le même nombre de courses. On ne sait jamais ce que l’on va gagner chaque jour. Mes journées en début du mois peuvent me rapporter à peu près 70 € si je travaille de 10h à 23h, en milieu du mois les mêmes types de journée peuvent me rapporter tout autant mais avec des propositions de courses plus longues car les personnes habitant à côté des restaurants passent moins par les plateformes de livraison. Et en fin du mois, les mêmes journées peuvent me rapporter maximum 60€ pour 13h de travail. Pour répondre à la question, je dirais que je gagne minimum 800 euros et maximum 1000 euros par mois pour 55h/semaine.

Quels sont tes futurs projets professionnels ?

Je cherche énormément de travail même au « black ». Je reçois peu de propositions stables. Mais dans le futur, j’aimerais vraiment ouvrir un restaurant et pouvoir à mon tour m’en sortir autrement qu’en tant que coursier.